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29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 12:39

  • Par Hayat Gazzane Publié le 23/02/2012  
    Nicolas Sarkozy et François Hollande ne bénéficient pas du même traitement par la presse financière anglo-saxonne.
    Nicolas Sarkozy et François Hollande ne bénéficient pas du même traitement par la presse financière anglo-saxonne. Crédits photo : CHRISTOPHE GUIBBAUD/AFP

    Les journaux proches des marchés boursiers voient en François Hollande une «menace» pour la France et la zone euro tandis que Nicolas Sarkozy serait une valeur sûre pour sortir la région du marasme économique.

    Si François Hollande rend visite aujourd'hui aux Anglais avec le drapeau blanc, c'est parce que depuis sa victoire aux primaires du Parti socialiste, les journaux anglais et américains se déchaînent à son sujet. Très intéressés par l'élection française en raison de sa tenue en plein cœur de la crise de la dette en zone euro, et refroidis par la déclaration de guerre du candidat PS au monde de la finance, les journalistes lui dressent un portrait très peu élogieux. Presque tout l'inverse de son grand rival de droite.

    Un homme «affable»

    La presse financière ne laisse rien passer. Pas même le physique ou le style. François Hollande est ainsi décrit comme un homme «affable», poussé à «s'amincir, teindre ses cheveux, et porter des costumes sombres» pour se donner une image présidentiable, selon le blog The source , hébergé par le Wall Street Journal (WSJ), le titre proche de la place boursière américaine du même nom.

    A l'opposé, Nicolas Sarkozy est «Mr. Hyperactif», un homme qui s'est assagi depuis le début de son mandat, forcé de devenir «moins abrasif», selon The Source. Pour The Economist , le président sortant prend soin à effacer son image de «fouineur hyperactif».

    Problème d'expérience

    Mais plus que sur le physique, la presse financière anglo-saxonne se montre impitoyable avec le CV politique de François Hollande. Le WSJ insiste sur «le manque d'expérience» du candidat socialiste: «en se basant sur les standards présidentiels, Hollande n'a pas fait grand-chose en politique», écrit Max Colchester sur The Source. «Quelques années à la gestion des parkings de Tulle ne semble pas être la qualification idéale pour faire face à l'une des plus graves crises à laquelle l'Europe ait fait face depuis la Seconde Guerre mondiale», lance également Matthew Lynn dans un édito brûlant du WSJ contre le candidat socialiste dont «la majeure partie de la carrière a été masquée par son ancienne partenaire glamour, Ségolène Royal». Howard Davies du Financial Times (FT) rappelle d'ailleurs que «Monsieur Hollande porte un poids. Il est connu comme étant le second choix du Parti socialiste et il serait resté en retrait si Dominique Strauss-Khan avait été disponible».

    Face à lui, Nicolas Sarkozy est décrit comme un «homme d'expérience» (The Economist), un «formidable homme de campagne», un «animal politique» à «la peau dure et doté d'une féroce détermination à gagner» (WSJ). Bref, Nicolas Sarkozy est le «réaliste» (FT).

    Des candidats aux «mains liées»

    Un point commun existe toutefois entre ces candidats: tous deux ont «les mains liées» par l'état des finances publiques et de la croissance française, rappelle The Economist . Mais le programme «politiquement astucieux» de François Hollande «n'en est pas moins contestable du point de vue économique», a-t-on pu lire dans un édito du FT . En ligne de mire: la remise en cause de la réforme des retraites qui va «augmenter le coût de la main-d'œuvre», l'augmentation des impôts qui «n'incitera guère les entreprises, déjà lourdement taxées, à rester en France ou à y revenir». «La compétitivité est l'un des plus grands défis auxquels sera confronté le prochain gouvernement français, et Monsieur Hollande n'est pas convaincant sur ce chapitre», tranche l'édito. «Le candidat socialiste risque de mettre en pratique ce qu'il dit. Non seulement il n'envisage pas de s'attaquer au monstre, mais il veut le nourrir, en imposant les riches pour créer des emplois», résume le quotidien britannique.

    Le WSJ va plus loin, en passant au crible les promesses d'embauches dans l'éducation, la réforme des retraites et les taxes sur les transactions financières: «Il met en avant un programme d'emprunt et de dépenses à l'ancienne. La France vient juste de perdre son triple A. Mais il semble que personne ne l'ait encore dit à Hollande», ironise Matthew Lynn. Philip Stephens du FT voit pour sa part dans le programme de François Hollande un résumé de la pensée mitterrandienne, celle du «socialiste certain que la France peut s'en sortir à sa façon dans un monde hostile».

    A l'inverse, le programme de Nicolas Sarkozy «montre un réel désir de réformes», selon The Economist . Sa volonté «d'embrasser le modèle économique allemand», est d'ailleurs une autre facette inspirée de François Miterrand, souligne Philip Stephens. Mais le bilan du candidat de droite ne joue pas pour lui, rappelle le WSJ. «Après cinq années décevantes, qui peut le croire?», écrit même The Economist. «La mauvaise nouvelle, c'est que tous les deux semblent vouloir réduire le déficit surtout en augmentant les impôts au lieu de réduire les dépenses», s'inquiète le quotidien britannique. Une option qui devrait être «décevante» en cas de victoire de la droite. Nicolas Sarkozy sera «un candidat plus classiquement gaulliste, pas le politicien réformiste passionnant d'hier», écrit Sophie Pedder dans les colonnes du quotidien britannique.

    «Une catastrophe pour l'économie européenne»

    Reste enfin le dossier le plus brûlant: la crise européenne. Les défis européens qui attendent le futur président français «testeraient le leadership d'un De Gaulle ou d'un Napoléon. Hollande ne joue pas dans la même catégorie», selon Matthew Lynn. Même argument pour The Economist qui parle d'un candidat «hautement inexpérimenté».

    La volonté affichée du candidat socialiste de revoir le pacte budgétaire signé avec l'Allemagne en décembre dernier fait notamment couler beaucoup d'encre. «Une relation franco-allemande forte a été la clé du maintien en état de la zone euro. Ces deux là (François Hollande et Angela Merkel, ndlr) vont se détester», croit savoir le WSJ qui craint une relation «empoisonnée» entre les deux dirigeants. «En tant que président, il sera une catastrophe pour l'économie européenne», lance Matthew Lynn à propos de François Hollande. «Lorsqu'il prendra ses fonctions, il faudra s'attendre à ce que l'euro entre dans sa zone de danger maximale», s'alarme-t-il. Charlemagne, blogueur de The Economist, voit aussi d'un mauvais œil les relations tendues entre la France et l'Allemagne qui pourraient résulter d'une victoire de la gauche. «Personne ne sait comment la France va se comporter avec le novice Mr Hollande», écrit l'auteur.

    Dans cette crise européenne, Nicolas Sarkozy apparaît comme le meilleur choix par défaut: «Même si de nombreux outsiders rejettent le duo Merkozy, ils craignent encore plus une paralysie franco-allemande» écrit Charlemagne sur son blog. «En ce qui concerne l'Europe, le candidat socialiste devrait veiller à ne pas faire de promesses qu'il ne pourra pas tenir», prévient le FT . «Il est irréaliste de croire qu'il serait mieux placé que Mr. Sarkozy pour convaincre Berlin d'adopter une politique plus énergique face à la crise européenne, comme le fait d'accepter les euro-obligations. Dans cette phase de l'histoire de l'Europe, le prochain président de la France doit rester prudent», conclut le quotidien britanni

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