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11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 09:56
Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale | LEMONDE.FR | 10.10.11 | 18h38   

Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, et ancien ministre de la fonction publique, Christian Jacob, le 24 novembre.

Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, et ancien ministre de la fonction publique, Christian Jacob, le 24 novembre.AFP/LIONEL BONAVENTURE

 

Marc :  Jean-François Copé évoque une "proximité idéologique troublante" entre Montebourg et Le Pen ? C'est un peu le monde à l'envers non ?

 

Christian Jacob : Effectivement, l'un et l'autre sont sur la même logique d'une France repliée sur elle-même, avec des frontières fermées, alors que 25 % des Français travaillent pour l'exportation. Et la France est un grand pays exportateur qui doit être de plus en plus ouvert au monde. C'est d'ailleurs une des comparaisons que l'on peut faire avec l'Allemagne : celle-ci va chercher de la croissance à l'extérieur. Et nous, nous avons besoin de dynamiser et d'accompagner nos entreprises pour qu'elles soient également capables d'aller chercher cette croissance à l'extérieur.

Ce qui n'empêche pas la nécessité d'avoir une régulation sur les marchés mondiaux et que l'ouverture au monde, ce n'est pas l'anarchie. En cela, le discours de M. Montebourg est totalement inopérant. On peut comprendre l'intérêt du discours dans le cadre d'une campagne électorale, mais il est inapplicable et déconnecté de toute réalité économique.

Bernard : Est-ce que la défaite aux sénatoriales était une surprise pour vous ? Comment l'expliquez-vous ?

Christian Jacob : C'était une déception. Objectivement, on savait le score serré, mais je faisais partie de ceux qui pensaient que malgré tout on allait gagner. Cela s'explique par au moins trois raisons : une première mécanique, c'est-à-dire que nous avons perdu plusieurs élections intermédiaires - municipales, régionales et cantonales - donc il y a plus de grands électeurs de gauche qu'aux dernières sénatoriales. Ensuite, nous avons eu des divisions internes qui nous ont fait perdre six à sept sièges.

Et nous n'avons pas suffisamment bien expliqué la réforme territoriale, laissant la possibilité à nos adversaires de pouvoir dire n'importe quoi sur ce sujet.

André :  Pensez-vous que les candidats dissidents doivent être exclus définitivement du parti ? Sinon comment un parti peux faire respecter son autorité ?

Christian Jacob : Je pense que c'est un débat que l'on doit avoir. Il ne s'agit pas d'organiser systématiquement une quelconque chasse aux sorcières, mais en même temps, on ne peut pas accepter que certains, par intérêt personnel, sacrifient l'intérêt général du parti politique auquel ils appartiennent. Ce qui veut dire que s'il n'y a pas de règle clairement établie, sur chaque cas nous devons avoir un débat interne.

Albert :  Le Sénat de gauche peut-il contrer l'activité parlementaire de la majorité ?

Christian Jacob : Non, le Sénat dans l'opposition au gouvernement, c'est quelque chose dont nous avons l'habitude, puisqu'à chaque fois qu'il y a eu un gouvernement de gauche, le Sénat était à droite, donc dans l'opposition gouvernementale. Cela étant, cela modifie le processus législatif, cela peut le ralentir notamment, mais en aucun cas cela ne peut le bloquer.

Guest : La loi sur la dépendance devait être le grand projet de Nicolas Sarkozy dans la dernière année de son mandat. Il y a renoncé. Est-ce à dire que la majorité renonce à agir dans la dernière ligne droite ?

Christian Jacob : Non. D'ailleurs, ce que nous sommes en train de faire en ce moment dans le cadre de la préparation du projet de loi de finances montre que nous sommes complètement dans l'action au quotidien. Avec le premier objectif de réduction des déficits. Nous allons passer d'un déficit public qui était de 5,6 ou 5,7 %, à 4,5 % pour 2012.

Parallèlement, nous sommes en ce moment en train de voter une loi de simplification des procédures administratives pour les entreprises. La semaine dernière, nous étions sur un texte "consommation" sur la défenses des consommateurs. Donc sur la dépendance, cela reste évidemment une priorité, mais le contexte de la crise mondiale à la fois économique et financière nous oblige à le décaler sur l'année prochaine.

Albert :  Pour arriver à la présidentielle avec une vraie dynamique, Nicolas Sarkozy ne devrait-il pas s'avancer sur des projets audacieux : mariage homosexuel, euthanasie... ?

Christian Jacob : Chacun situe l'audace à son niveau. Ce que nous avons fait depuis cinq ans, notamment en matière de lois sur le plan de relance pour réagir face à la crise, le grand emprunt, la réforme des retraites, la réduction des déficits, la réduction du train de vie de l'Etat d'une manière générale, et pour la première fois depuis cinquante ans la réduction des dépenses publiques, je pense que tout cela a été à la fois audacieux et salvateur pour l'économie française...

Arnaud : La question de la bi-nationalité chère à Lionnel Luca peut-elle revenir devant le Parlement ?

Christian Jacob : Elle peut toujours revenir si des parlementaires le souhaitent. A titre personnel, je pense qu'on a aujourd'hui un système équilibré, et je ne vois pas l'intérêt de le remettre en cause. Un député peut toujours déposer une proposition de loi, s'il le souhaite, ce n'est pas pour autant qu'il y aura une majorité pour la voter.

Jean : La Droite populaire est-elle particulièrement active au Parlement ?

Christian Jacob : Oui, elle est active, mais en même temps, on lui en prête beaucoup plus qu'elle n'en fait en réalité. Mais c'est une composante de la majorité. La droite et le centre français se sont toujours appuyés sur trois familles politiques : les gaullistes, les libéraux et les démocrates-chrétiens. Donc dans un grand parti politique comme l'UMP, on retrouve bien évidemment ces différentes sensibilités.

Arno :  Il y a eu en juin une polémique, porté par la Droite populaire, au sein de la majorité parlementaire sur les radars routiers... quelle est votre position ? pour ou contre ?

Christian Jacob : On a réglé cette polémique. J'ai fait des propositions à l'époque au ministre de l'intérieur, Claude Guéant, qui les a reprises, notamment en mettant systématiquement en place des radars pédagogiques à chaque fois qu'on retirait les panneaux d'indication de radars. L'objectif pour nous est la sécurité routière, et donc si ces panneaux avaient un rôle pédagogique, il faut maintenir celui-ci.

Marc : Les divisions au sein de la majorité ne vont faire que croître à l'approche de la présidentielle. Comment alors espérer que la majorité puisse parler d'une seule voix sur la production législative ?

Christian Jacob : Ce qui se passe en ce moment, c'est précisément le contraire : les gens se rassemblent plus qu'ils ne se divisent. Plus on se rapproche de l'échéance présidentielle, plus les familles politiques de droite et du centre se rapprochent. On l'a vu avec Jean-Louis Borloo qui a renoncé à être candidat à la présidentielle. Je ne sais pas à ce jour si Hervé Morin ira au bout ou pas. Si Dominique de Villepin sera également candidat ou pas. Ce que je souhaite pour ma part, c'est que tous retrouvent leur place dans la grande famille rassemblée de la droite et du centre.

Albert :  Que reste-t-il au groupe UMP à réaliser avant la fin de la mandature ?

Christian Jacob : On est vraiment sur la dernière ligne droite. C'est le budget, la loi de finances. A huit mois de l'élection présidentielle, c'est la loi de finances et de financement de la Sécurité sociale. Nous sommes maintenant dans les retours de navettes de textes parlementaires entre le Sénat et l'Assemblée nationale. Entre le moment où l'on initie un nouveau texte législatif et le moment où il s'applique - décrets d'application sortis, etc. -, il faut un an

Louis : Vous qui êtes un parlementaire, ne pensez-vous pas qu'il est temps d'organiser des primaires à l'UMP permettant aux militants d'avoir un mot sur le choix de celui qui portera les couleurs du parti ?

Christian Jacob : Les primaires à l'intérieur de l'UMP sont prévues dans nos statuts. Elles peuvent être un recours lorsqu'un candidat n'a pas la capacité de s'imposer naturellement. Ce qui n'est pas le cas pour notre famille politique. Nous avons un candidat qui s'impose naturellement, c'est Nicolas Sarkozy.

Eric : Est-ce que François Fillon ferait un bon député de Paris ?

Christian Jacob : C'est d'abord à lui qu'il faut poser la question. Et aux Parisiens. Je ne suis ni François Fillon ni parisien.

Aline :  Quel est l'évènement le plus marquant que vous avez à la tête du groupe UMP de l'Assemblée nationale ?

Christian Jacob : Le coeur battant de la majorité, c'est la réunion de groupe du mardi matin. Chaque mardi matin, on a des débats parfois animés sur les textes à venir dans la semaine, et il faut trouver à chaque fois les arbitrages. Nous sommes actuellement en discussion sur le prélèvement exceptionnel sur les très hauts revenus, qui va faire débat. Nous avons eu celui sur la règle d'or que l'on a adoptée au sein de la majorité, le PS se refusant à la voter pour le moment. Il n'y a pas d'événement marquant en soi, chaque semaine a son lot d'événements.

Gerard :  Au début de son mandat, Nicolas Sarkozy avait promis de rendre des comptes régulièrement et personnellement aux Français sur son action, au final, il n'a pas tenu sa promesse et ce que l'on retient le plus, ce sont les polémiques. Est ce que les polémiques servent au final à masquer ses échecs ?

Christian Jacob : Les polémiques, par nature, ne servent ni l'intérêt général ni l'intérêt particulier du président ou de sa majorité. Et Nicolas Sarkozy est très présent sur le terrain, il fait au moins un déplacement par semaine en France métropolitaine, plus les nombreux déplacements l'étranger. Sa capacité d'initiative sur la scène internationale et européenne est aujourd'hui saluée par l'ensemble de nos partenaires. Et pour ce qui est de l'action "hexagonale", le temps du bilan arrive.

Barno :  Après la défaite des cantonales en Seine-et-Marne, êtes-vous inquiet pour vos mandats de député et de maire de Provins ?

Christian Jacob : Une élection se prépare toujours avec beaucoup de sérieux et de réalisme. Et la politique, c'est l'école de la modestie. Ceux qui l'oublient le paient souvent très cher. Et comme chacun de mes 576 collègues, je serai jugé sur l'action qui aura été la mienne pendant ces cinq dernières années.

Arthur :  Etes-vous favorable à la fin du cumul des mandats ?

Christian Jacob : Non, je suis attaché au système actuel, qui limite à deux mandats et qui plafonne les indemnités perçues à une fois et demie le montant de l'indemnité parlementaire. Parce que je pense que l'on est meilleur législateur si l'on exerce également une responsabilité locale. On légifère mieux sur le logement si l'on est confronté dans nos permanences de mairie à des gens qui ont des difficultés de logement ; de la même façon que l'on légifère mieux sur l'entreprise si l'on est en contact régulier avec les chefs d'entreprise. Et d'autre part, si un jour on arrivait au mandat unique, on serait reconnu davantage pour sa proximité avec les chefs de son parti politique que pour sa capacité à gérer localement.

J'explique tout cela en détail dans mon livre Le Bon Sens en politique, qui est sorti la semaine dernière aux éditions Eyrolles.

Eily :  Dans la fin du cumul des mandats, il n'est nullement fait allusion au fait que les parlementaires sont plus pertinents quand ils ont une expérience de terrain. Tout le monde l'entend. Ce qui gêne, c'est le fait qu'un parlementaire ne puisse pas assurer en même temps plusieurs mandats.

Christian Jacob : Il suffit de regarder les tableaux de présence. La plupart des députés que l'on retrouve en haut des tableaux de présence à l'Assemblée nationale sont souvent des députés qui cumulent des mandats. J'ai toujours été classé dans les vingt députés les plus présents et les plus actifs à l'Assemblée nationale, et pourtant je cumule mes deux mandats de député et de maire. C'est une question d'organisation et de méthode de travail.

Yann :  Pourquoi il n'y a pas eu une volonté farouche de communiquer sur toutes les réformes, sur le travail qui a été fait ?

Christian Jacob : Je pense que la crise économique et financière que nous avons vécue et continuons à vivre a masqué une part significative des réformes engagées. Cela étant, sans la politique économique et financière conduite, aujourd'hui, la France aura vraisemblablement perdu sa notation. Nos banques, et donc nous tous, puisque nous sommes tous clients des banques, serions dans des difficultés comparables à celles de nos amis américains.

Cela veut dire aussi que nous allons arriver au moment du bilan, puisque le quinquennat se termine, et aujourd'hui, notre situation économique montre que nous avons beaucoup mieux résisté que la plupart de nos partenaires. Et cela, personne ne peut le contester.

Nicolas : Pensez-vous que votre ami Jean-François Copé fera une bon candidat pour l'UMP en 2017 ?

Christian Jacob : Oui, mais comme le disait un de mes autres amis, Guy Drut, une haie après l'autre ! Et aujourd'hui, il faut être mobilisé à 200 % pour gagner 2012 avant de penser à 2017.

Audette : Pensez-vous que la retraite des députés doit entrer dans le système général ?

Christian Jacob : Oui, elle l'est déjà. La dernière réforme nous a engagés dans un système qui est à l'identique du système général.

Nicolas : Que compte faire l'UMP pour revenir sur le devant de la scène politique en 2012 et faire gagner Nicolas Sarkozy ?

Christian Jacob : A la fois valoriser les cinq années d'action gouvernementale et présenter aux Français un projet d'avenir, ce sur quoi Jean-François Copé travaille avec l'ensemble des cadres UMP depuis un an. Tenir l'objectif de réduction des déficits, renforcer l'harmonisation avec l'Allemagne, et maintenir la France à sa place de cinquième puissance mondiale.

 Chat modéré Eric Nunès
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