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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 10:28

Hier soir, le 8 août, « C dans l’air », sur France Télévision, était consacré à la crise financière. Quatre ou cinq  experts venus d’institutions financières y débattaient de la chute des bourses et de son impact sur l’économie mondiale. Comme bien souvent, ils brillaient par leur unanimisme. Tous ne voyaient qu’une solution au sujet de l’Europe : le fédéralisme.

L’un d’eux nous expliquait avec des airs savants, que l’Europe se trouvait aujourd’hui dans une situation comparable à celle des Etats-Unis à leur création qui avaient « fédéralisé » la dette avant de fédéraliser leur gouvernement. Le même déplorait l’absence de grands hommes susceptibles de pousser l’Europe dans cette voie, citant entre autres, le général de Gaulle et Pierre Mendès-France (deux exemples bien connus pour leurs convictions fédéralistes !!!).

Un échange entre l’animateur de l’émission et un autre expert m’a particulièrement sidéré :

- Selon vous, est-il concevable que sous la pression d’un peuple, à la suite d’une échéance électorale, un pays se retire de l’euro ?

- Bien sûr, mais alors, ce sera l’explosion de la zone euro, et puis la guerre, et pas seulement la guerre économique, mais la guerre tout court, car nous sommes exactement, précisément,  dans la situation des années 1930 qui a conduit à la guerre de 1940-1945.

En gros, le peuple, opposé aux savants, c’est l’obscurantisme ; le suffrage universel, c’est la guerre.

Cette référence, cet amalgame sempiternel avec les années 1930 est particulièrement déplacé.

 L’Europe des années 1930, marquée dans sa chair par la grande Guerre, ses 17 millions de morts, et un traité de Versailles bancal, était alors une poudrière ; l’Allemagne humiliée, éreintée par le conflit, la grande inflation, un chômage ayant atteint 10 millions de personnes sans ressource, prête à se jeter dans les bras d’un monstre sanguinaire.

L’Europe actuelle, apaisée sur le plan des nationalismes, réconciliée en particulier grâce à Charles de Gaulle et au chancelier Adenauer, ne court aujourd’hui aucun risque de guerre entre ses Nations. La situation n’a strictement rien à voir avec celle des années 1930. Ce n’est pas une affaire d’institutions, ni de monnaie, ni de bourse. C’est une réalité profonde liée à un grand mouvement de l’histoire des peuples.

Les tensions et les risques planétaires existent mais ils n’ont plus rien à voir avec les événements qui ont précipité le monde dans la déflagration de 1940. L’histoire, comme un fleuve ne remonte pas; elle ne repasse jamais à l’identique, même si les principes qui l’animent se retrouvent à toutes les époques .

Nous savons bien, tous, que la crise financière et économique présente est extrêmement grave, mais les experts devraient enfin cesser de prendre les gens, les peuples, pour des imbéciles.

Etrange été, sans vraiment d’été, marqué par la crise financière, la famine en Afrique orientale, les émeutes au Royaume-Uni qui nous renvoient à de terribles souvenirs, le mauvais temps qui n’en finit pas…

 

Maxime TANDONNET

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