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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 12:41
Santé | Ajouté le 24.01.2012 à 12H03
Nous voici devant une échéance : il va falloir payer les journées de « RTT » à l’hôpital !
S’il est une erreur que l’on peut attribuer à la gauche, ce sont bien les « 35 heures » et, en particulier, à l’hôpital. Il s’agit d’une incongruité philosophique. Comment peut-on imaginer que des médecins, des soignants, soient limités à 35 heures par semaine ? Comment imaginer qu’un médecin puisse se dire qu’au bout de 35 heures, ce qui est vite arrivé, notamment lorsqu’il y a des gardes, « j’arrête de travailler, je vais passer mon malade à quelqu’un d’autre » ? La discontinuité des soins n’est pas admissible.
Les infirmières, qui travaillent beaucoup et sont également en nombre insuffisant, vous disent très simplement que le « chevauchement » n’existe plus. Il s’agissait, pour une équipe du matin, d’attendre celle de l’après-midi, de passer une demi-heure au minimum avec cette équipe montante pour parler des patients, donner les consignes et les impressions sur l’évolution de tel ou tel malade. Ce « chevauchement », qui était fondamental pour le bien-être du patient, et de l’infirmière, n’existe quasiment plus. Je ne parle pas de l’angoisse qui étreint souvent les médecins, mais aussi les infirmières.
Comment bien faire son métier quand des règles absurdes, stupides, le régissent ? C’est la vision administrative, idéologique de la gauche vis-à-vis de notre métier qui est en train de le détruire. Il convient de rappeler que les fameuses « RTT », qui devaient compenser la diminution du temps de travail, n’étaient jamais prises à l’hôpital, démontrant une nouvelle fois l’ineptie de ces « 35 heures ». Il faut maintenant, puisque la loi l’exige, que ces journées non prises soient payées, soit 600 millions d’euros, au minimum : où va-t-on trouver cet argent ?
La casse de l’hôpital est en partie due à cette loi absurde. Certes, nous aurions pu et nous aurions dû, dès 2007 (peut-être même avant, en 2002), supprimer cette loi stupide, mais nous ne l’avons pas fait car, disait-on, elle était entrée dans les mœurs dans tous les autres métiers. Grave erreur de notre part, nous en payons aujourd’hui les conséquences. 600 millions d’euros ! Alors que l’hôpital aurait tellement mérité de les utiliser autrement : technologie, plateaux techniques, etc. Non, il va falloir les payer ! Mais avons-nous ces 600 millions ?
L’hôpital qui, jusqu’à ces derniers temps, était un « bijou », un exemple pour le monde entier, est en train de devenir triste. Les réformes, qui auraient dû être faites, ne l’ont pas été par dogmatisme (je ne compte évidemment pas sur la gauche qui fera pire pour restaurer, restructurer notre service de santé). Il était indispensable depuis longtemps de réunir un certain nombre d’hôpitaux autour de plateaux techniques performants, supprimer d’autres hôpitaux inutiles et assurer l’accessibilité à ces nouveaux plateaux techniques en développant les SAMU, les SMURS, etc. J’en ai souvent parlé. J’ai même manifesté dans la rue contre mon propre gouvernement. Je ne le regrette pas car je vois, aujourd’hui, les dégâts provoqués par ces dernières lois.
Je le dis une fois encore : les socialistes feront tellement pire. Alors si ces prochaines élections sont gagnées, comptez sur moi pour, une nouvelle fois, dire la vérité et, peut-être, enfin être entendu.
Pr. Bernard DEBRÉ
Ancien Ministre
Député de Paris
Membre du Comité d’éthique
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