Pas assez de places dans les mosquées du Mans. À partir de ce constat, de jeunes Manceaux musulmans travaillent à un projet beaucoup plus large de nouveau centre islamique.
lieu ouvert et intégré à la ville
Au départ, un constat simple : les quatre mosquées du Mans sont trop à l'étroit, en particulier le vendredi, jour de prière collective et surtout au moment du mois de jeûne de Ramadan.
« Aux Glonnières, on prie jusque sur le parking. Ce n'est pas encore la voie publique, mais ce n'est pas digne », rapporte Abdellatif Ammar, coprésident de Lumières d'islam avec Adji Dramé. La jeune femme ajoute que l'exiguïté des locaux pose aussi des problèmes de stationnement et d'accès pour les femmes, qui prient séparément des hommes.
L'objectif est donc d'ouvrir enfin un lieu de culte adapté dans les années qui viennent. « Mais l'enjeu est beaucoup plus large, insiste Ahmed Beladj, secrétaire général de l'association. Il s'agira d'un lieu ouvert et intégré à la ville. Notre génération veut que les musulmans s'impliquent dans des actions citoyennes, que l'islam soit un acteur, parmi les autres, dans la ville. » Au même titre que les autres religions, à commencer par l'église catholique.
Le projet de lieu de culte est clairement assumé et une seconde association, conforme à la loi de 1905, sera créée dans ce but. Mais le futur centre islamique sera aussi culturel. « Les locaux gérés pourront abriter des conférences, des expos, des débats... Sur la civilisation musulmane, mais pas seulement », explique Abdellatif Ammar.
Lumières d'islam a aussi imaginé accueillir des locaux commerciaux qui seront loués pour financer l'activité du centre. Et l'association a fixé la barre très haut en matière d'urbanisme : le futur centre devra être un « bâtiment positif », c'est-à-dire qui produit davantage d'énergie qu'il n'en consomme, grâce au photovoltaïque et à la récupération d'énergie. Pour un centre islamique français, ce serait une première.
Lumières d'islam estime à 2,5 millions d'euros la future construction et se donne entre cinq et dix ans pour mener le projet à bien. « Nous avons beaucoup de respect pour la vieille génération qui, avec rien du tout, a fait des choses extraordinaires. Mais il est temps de prendre toute notre place », glisse Abdellatif Ammar.
L'association et son projet soulignent l'émergence de la nouvelle génération de musulmans du Mans. La quinzaine de fondateurs de Lumières d'islam sont jeunes, tous français, mais d'horizons divers. « Il était hors de question de refaire une association de « Marocains » ou « d'Algériens », explique Abdellatif Ammar. Les femmes y ont leur place, notamment avec cette coprésidence paritaire. On y trouve tous les milieux, du salarié de Renault au cadre dirigeant d'entreprise, en passant par un ingénieur ou une juriste.