"Les Français doivent être assurés que la direction de l’Etat et
l’application des réformes ne souffrent d’aucun relâchement. Ils doivent être convaincus que la présidence de Nicolas Sarkozy aura été, jusqu’au dernier jour, inspirée par une intensité
politique qui en fait sa singularité et son honneur.
Ce quinquennat marque le retour de la
volonté politique, avec ses avantages, mais aussi avec tous les soubresauts et tous les débats contradictoires qu’une telle dynamique peut naturellement susciter.
La France rétive aux changements,
crispée sur quelques dogmes politiquement intouchables, s’est mise en mouvement, et sur plusieurs sujets, je crois pouvoir parler de révolution culturelle.
Dans les universités, le principe de
l’autonomie, autrefois honni, fait désormais consensus et tous les acteurs s’en sont emparés avec résolution.
Hier, le classement de Shanghaï était
considéré par la communauté universitaire et scientifique comme un affront, il est désormais considéré comme un défi.
Dans les entreprises, l’intérêt pour
les heures supplémentaires défiscalisées a relativisé celui pour les RTT. 9 millions de salariés ont bénéficié de ce dispositif pour un gain net de 400 euros par mois en moyenne par
salarié.
Dans les transports, le service
minimum s’est imposé.
Et lors des conflits du mois
d’octobre, un train sur deux circulait.
Le paysage syndical est lui-même en
pleine mutation. La représentativité des organisations syndicales, sujet tabou s’il en était, dépend dorénavant des résultats électoraux obtenus dans les entreprises. C’est une disposition
qui est, vous en conviendrez, plus démocratique que la référence à la présomption irréfragable.
En matière de sécurité, les vieux
clivages idéologiques qui stérilisaient notre action se sont effacés au profit d’une fermeté républicaine qui est d’ailleurs exigée par tous les Français.
La délinquance qui avait augmenté de
17% entre 1997 et 2002, elle a diminué de plus de 16% depuis 2002. Je sais que nos concitoyens réclament plus de résultats encore et ils ont raison, mais ce sont des chiffres, c’est la
réalité de l’action qui a été la nôtre comparée à celle de nos prédécesseurs.
Quant au symbole de la retraite à 60
ans, il appartient à une époque révolue, et je le dis solennellement devant vous, nul ne reviendra plus sur cette décision responsable.
Nous travaillerons tous plus
longtemps pour pérenniser notre système par répartition qui, d’ici 2018, devra revenir à l’équilibre.
La justice est aussi au rendez-vous
de cette réforme, puisque 120.000 personnes vont bénéficier chaque année des mesures prises sur la pénibilité et sur les carrières longues.
Ces exemples, j’aurais pu en prendre
d’autres, mais ce sont je crois les plus significatifs, démontrent que les rigidités structurelles et intellectuelles ont été dépassées, et tout n’est pas venu du sommet !
Les Français y ont pris leur part, et
rien n’est plus faux que de les présenter comme des conservateurs ou des nostalgiques.
La
réforme constitutionnelle de juillet 2008 a installé le Parlement au cœur des équilibres constitutionnels, et parmi ses nombreuses avancées, celle de la question prioritaire de
constitutionnalité est en train de révolutionner les droits du citoyen. Je veux dire d’ailleurs sur ce sujet que contrairement à une idée répandue, une de plus, le quinquennat de Nicolas
Sarkozy aura été l’occasion de la conquête de nouveaux droits et de nouvelles libertés pour les Français. Nouveaux droits avec la question prioritaire de constitutionnalité, nouveaux droits
pour le Parlement, nouveaux droits avec le Défenseur des droits, qui sera mis en place dans quelques jours et qui va constituer une autorité constitutionnelle extrêmement puissante, pour
défendre les droits des citoyens.
Les partenaires sociaux ont, eux
aussi, joué un rôle important.
Bien sûr, nous avons eu des
différends avec eux !
Oui, je le dis, le pouvoir politique
a cru être en droit d’imposer sa loi sur celle de la rue… Mais depuis quatre ans, la démocratie sociale a été respectée comme jamais.
Trois lois importantes sont issues
d’accords entre les partenaires sociaux: la réforme de la formation professionnelle, la loi sur la modernisation du marché du travail, et celle sur la représentativité des syndicats qui, je
l’ai dit, modifiera à terme, considérablement le paysage syndical.
Enfin, récemment, des accords très
importants ont été signés par les partenaires sociaux, sur les retraites complémentaires et sur l’assurance chômage.
La plupart des réformes qui ont été
annoncées par le Président de la République en 2007 ont été mises en œuvre.
Nous avons fait ce matin le point sur
leur état d’avancement.
Je veux dire que depuis 2007, nous
n’avons pas biaisé, mais c’est vrai nous avons rencontré des obstacles : c’est le cas sur la croissance sur laquelle nous avions bâti notre projet, et a fortiori, sur l’emploi et le pouvoir
d’achat ; c’est le cas sur le bouclier fiscal qui n’a pas été compris en période crise ; c’est le cas sur la violence aux personnes qui est venue altérer notre bon bilan sur la
sécurité.
Bref, nous avons connu des revers,
nous avons essuyé quelques échecs qui ont pu décevoir ceux qui espéraient tant en nous, mais personne ne peut nous jeter la pierre en disant: «Ils n’ont pas tenu leurs engagements» !
Nous avions reçu le mandat de
moderniser la France: nous l’avons rempli avec honnêteté et avec courage.
Mais l’Histoire nous a imposé un
autre mandat, que nous n’avions pas prévu et que nous n’avions pas choisi: celui de répondre à la pire crise financière et économique depuis les années 30.
Cette crise a bousculé nos objectifs.
Elle a réduit nos marges de manoeuvre.
En quelques mois, la France s’est
retrouvée en récession, et tous ceux qui évaluent ces quatre dernières années en feignant d’oublier cette épreuve sont malhonnêtes.
Dans son dernier rapport, l’OCDE
considère, je la cite, que «notre plan de relance a été bien conçu, mis en œuvre rapidement, et qu’il a ainsi permis d’amortir sensiblement le choc subi». Quant au Fond Monétaire
International, il a estimé, je le cite, que les « pouvoirs publics sont intervenus en temps opportun et de façon décisive».
On est très loin des critiques
manichéennes de l’opposition, et encore plus loin des solutions démagogiques et irresponsables qu’elle avançait face à cette crise économique et financière.
En 2009, notre pays a enregistré une
récession deux fois plus faible que ses partenaires (-2,6 % en 2009 contre -4,1 % pour la zone euro) et nous retrouvé le chemin de la croissance plus rapidement que la moyenne des pays de
la zone euro.
En dépit de la récession, et je
voudrais insister sur ce point, le pouvoir d’achat des ménages n’a pas reculé en France.
En 2009, le pouvoir d’achat a
progressé de +1,6%, contre +0,1% dans la zone euro. Et en 2010, les premières données provisoires dont nous disposons, nous permettent de penser que le pouvoir d’achat a continué à être
plus allant qu’en Allemagne, sans doute +1,2 % contre +0,7% en Allemagne.
De même, les ménages ont continué à
consommer contrairement à plusieurs de nos partenaires.
Quant à notre taux de chômage, il a
certes augmenté de 27%, mais il a bondi de 50% au Royaume Uni, de 99% en Espagne, de 41% dans l’Union européenne.
La mobilisation du chômage partiel
pour 500.000 salariés, les contrats de transition professionnelle dans 32 bassins d’emplois, la mobilisation des contrats aidés, l’aide à l’embauche dans les Très Petites Entreprises :
toutes ces mesures d’urgence, qui ont d’ailleurs été prises en lien avec les partenaires sociaux, ont bénéficié à trois millions de salariés et de demandeurs d’emplois.
J’avance tous ces chiffres avec
modestie, parce que je sais bien qu’entre les chiffres et le ressenti des Français, entre les statistiques et la réalité vécue au quotidien, il y a un fossé.
Pour autant, je crois qu’il est juste
de dire que nous avons été à la hauteur d’une crise sans précédent.
Ni la récession, ni les sondages, ni
les rendez-vous électoraux qui ont rythmé le quinquennat, ne sont venus freiner notre volonté de réforme.
L’année dernière nous avons enclenché
et nous avons réussi la réforme des retraites là où tant d’autres auraient repoussé l’échéance.
Et nous voici maintenant en train de
lancer la réforme de la fiscalité du patrimoine, celle de la justice, celle de la dépendance, celle de la gouvernance des finances publiques, et nous continuons de réformer l’Etat, de
réduire nos déficits alors qu’il serait si commode d’ouvrir à la veille des rendez-vous électoraux les vannes de la dépense publique.
Cette audace constitue un risque,
mais tout ce quinquennat est fondé sur le pari que le mouvement vaut mieux que l’attentisme.
Le Président de la République reste
fidèle à son mandat et à son cap, et le moment venu, lorsque les scories et les commentaires accessoires qui entourent son action se seront dissipés, la seule et véritable question qui se
posera sera très simple: «Est-ce que depuis 2007, la France a mieux résisté au choc et est-ce qu’elle est mieux armée pour aller chercher la croissance, pour sécuriser son pacte social et
pour faire entendre sa voix dans le monde ? »
Eh bien, ma conviction c’est qu’avec
Nicolas Sarkozy nous avons posé les bases d’une société française plus innovante, plus solide, plus clairvoyante face aux défis de la mondialisation.
Naturellement, j’entends les
critiques à l’égard du Président. Je veux dire qu’elles sont injustes et qu’elle sont souvent très basses. Le Président de la République que je connais, celui que je côtoie depuis quatre
ans, est bien éloigné des caricatures qui en sont faites.
Qu’est-ce qu’on lui reproche ?
Parlons-en clairement puisque ses détracteurs osent moins attaquer sa politique que l’homme.
Son style direct ? Au lieu de
regretter les temps anciens où le Chef de l’Etat survolait habilement les évènements, les Français devraient accorder à Nicolas SARKOZY le mérite de la sincérité et de la
responsabilité.
On lui reproche de ne pas avoir pu
tenir tous ses engagements ?
J’ai indiqué qu’il en avait réalisé
la plupart, et cela dans des circonstances économiques internationales désastreuses. Et au demeurant, est-ce qu’il vain d’en appeler au bon sens des Français qui peuvent comprendre qu’on ne
transforme pas la société française en quatre ans ?
Chaque jour du quinquennat fut et
reste une aventure humaine avec ses idéaux mais aussi ses réalités, ses impulsions et ses résistances.
On ne conduit pas la France comme on
conduit froidement une expérience en laboratoire.
Qu’est-ce qu’on lui reproche encore ?
D’avoir mené avec le Gouvernement une politique prétendument «favorable aux riches et aux banques» ? Et on retrouve, là, la sempiternelle et insultante attaque de la Gauche. Rien n’est plus
faux. Et cette démagogie doit être combattue. Le bouclier fiscal était mal compris. Nous y avons renoncé, mais nous n’avons pas renoncé au bon sens et nous adapterons l’ISF pour corriger
ses excès.
Nous n’avons pas de leçons de justice
sociale à recevoir. Avec le Président de la République, nous avons encadré les retraites chapeaux ; les socialistes ne l’avaient pas fait. Nous avons taxé les stock options ; les
socialistes ne l’avaient pas fait. J’ajoute même que Monsieur Fabius avait, juste avant de quitter le Gouvernement avant 2002, allégé la fiscalité sur les stock options. Nous avons combattu
les paradis fiscaux, les socialistes n’avaient jamais rien fait contre les paradis fiscaux. La revalorisation du minimum vieillesse de 25% sur cinq ans, la suppression en 2009 des deux
tiers de l’impôt sur le revenu pour 5 millions de Français, la prime de solidarité, l’augmentation de l’indemnisation du chômage partiel, le RSA, le doublement des constructions de
logements sociaux, l’effort en direction de l’hébergement d’urgence, ont permis de préserver la cohésion sociale au plus fort de la crise. Quant au nouveau prêt à taux zéro pour l’accession
à la propriété et la suppression des droits de succession, ces deux mesures ont élargi l’espoir des classes moyennes. Dans un monde incertain, la propriété et l’héritage restent des valeurs
que nous assumons.
Les nouvelles règles du partage de la
valeur annoncées par le Président de la République sont dans ce contexte justes et raisonnables. Je veux les rappeler, toutes les entreprises de plus de 50 salariés qui augmenteront leurs
dividendes devront négocier avec leurs représentants syndicaux le montant d’une prime en faveur de leurs salariés. Cette prime bénéficiera d’un statut social particulier, le même que celui
des dividendes versés aux actionnaires, dans la limite de 1200 euros. Et dans les entreprises de moins de 50 salariés, cette disposition sera facultative. Naturellement, si les partenaires
sociaux auxquels nous avons demandé de débattre de cette question depuis deux ans, trouvent avant le débat parlementaire, une solution meilleure que celle que nous proposons, nous serons
ravis de l’examiner avec eux. Mais je veux dire que le Parlement sera saisi de ce projet en juin prochain.
Pour ce qui est de notre soutien aux
banques, qui a été tellement caricaturé, je veux rappeler qu’une étude récente d’Eurostat a montré que le plan français avait été le seul en Europe à bénéficier aux finances publiques. Vous
avez tous écrit pendant des semaines et des semaines que l’Etat avait trouvé des milliards pour les banques, et parfois certains s’étonnaient qu’il n’en trouve pas pour tel ou tel autre
domaine de l’action publique, et bien la vérité c’est que notre plan de soutien aux banques a rapporté 2,4 Md€, alors que le plan britannique a coûté au contribuable britannique 15 Md€, le
plan allemand a coûté au contribuable allemand 17 Md€, le plan néerlandais a coûté au contribuable néerlandais 3 Md€. Je n’évoque pas, ou plutôt, si je le fais, le plan irlandais qui a
coûté au contribuable irlandais 35 Md€.
Quatre ans après l’élection de
Nicolas Sarkozy, je laisse aux observateurs et aux historiens le soin de faire l’exégèse du bilan, parce qu’en politique, ce qui importe, c’est d’abord l’énergie qui est imprimée au pays,
et c’est ensuite la continuité et la cohérence de l’action. Education, sécurité, justice, développement durable, rénovation urbaine, Grand Paris, vous voyez bien qu’il faut plus que quatre
ans pour orienter la trajectoire de notre pays.
Mais depuis 2007, nous avons bâti un
socle, un socle pour aller plus loin."