INTERVENTION DE FRANCOIS PINTE
Conseiller Régional, Président du groupe UMP
Session du 30 novembre 2012
Monsieur le Président mes chers collègues
Notre Région subit sur le plan économique un triple mouvement : un impact international, un impact nationale, et j’y
reviendrai, et l’affaiblissement propre de notre territoire.
Depuis 2009, votre opposition a eu l’attitude responsable de soutenir l’essentiel des mesures de sortie de crise que vous avez engagées.
Progressivement, le doute s’est installé dans notre esprit et dans celui des Ligériens quant à la pertinence de certaines politiques dont l’évaluation des résultats doit être conduite, comme le
demande aussi le CESER.
154.200 chômeurs de catégorie A dans notre région, 8000 de plus depuis l'élection de Monsieur Hollande: Un chômeur supplémentaire en Pays de
la Loire toutes les 30 minutes. 1000 de plus chaque jour en France.
Et si l'on ajoute comme vous nous le faisiez dans vos critiques du Gouvernent Fillon les catégories B et C : 261.600 chômeurs en Pays de
la Loire soit environ 12.000 de plus en 6 mois: Les familles sont frappées et craignent particulièrement pour les jeunes de moins de 25 ans et pour les plus de 50 ans qui ne sont pas épargnés par
cette hausse que le gouvernement semble considérer avec fatalisme comme inéluctable tout au long de l'année 2013!
En 2008, avant la crise, l'emploi se portait mieux dans notre région qu'en France.
Depuis, la situation se dégrade aussi vite en Pays de la Loire qu'au plan national: la Région s'enfonce dans la crise. L’efficacité du
"Bouclier social régional "que, je vous cite, vous disiez avoir mis en place en janvier dernier, Mr Gralepois pour "protéger les habitants de notre région" semble aujourd’hui bien peu protéger
les Ligériens et croyez-moi, personne ne s’en réjouit.
Perdre l'entreprise première employeur d'une commune rurale est une catastrophe pour le territoire concerné! Bien sûr l'exemple de Candia au
Lude est présent à ce moment dans mon esprit. Et chaque semaine, on tremble à l’annonce d’une fermeture d’entreprise. Technicolor, Doux, sont aussi les douloureux symboles de la dévitalisation
galopante de notre vivier industriel.
Et lorsque ce n’est pas la fermeture ce sont des emplois qui sont supprimés comme à Orvault où les salariés d’Alcatel Lucent sont
touchés. Hier, Joseph PARPAILLON, le Maire d’Orvault, commune directement concernée a écrit au Premier Ministre pour exiger l’action des pouvoirs publics face à la suppression annoncée de 118
emplois sur les 540 du site. L’automobile et ses sous-traitants sont aussi entrainés dans ces drames. Le triste feuilleton SAMRO se poursuit avec 84 emplois menacés dans notre
Région.
Près d'ici, la situation de STX est si préoccupante que l’on voit des initiatives de désespoir comme l’appel de 50 élus de gauche qui
s’alarment d’un carnet de commandes resté quasi-vide depuis les dernières commandes enregistrées grâce à l’implication de Nicolas SARKOZY et du Gouvernement FILLON que certains ne sont pas loin
de regretter sur le terrain.
Dans ce contexte, comment ne pas s’inquiéter de l’information publiée selon laquelle, la filiale dédiée STX OSV, veut se désengager de
l’éolien offshore ?
Mr Auxiette, vous n'étiez pas avare de vos critiques adressées à Nicolas Sarkozy. J'ai encore en mémoire votre rencontre avec les Syndicats de
STX et les sous-traitants en février 2010 pour, je cite "rappeler Nicolas Sarkozy à ses promesses et ses devoirs". Les promesses ont été tenues par le précédent Gouvernement et les commandes ont
été signées. Mais depuis 6 mois plus rien! Quand allez-vous montrer la même exigence envers Mr Hollande qu'envers son prédécesseur?
L’Etat, dans sa gouvernance actuelle n’est plus à la hauteur. Je ne suis pas le seul à le prétendre, d’autres se chargent de le prouver.
L’agence Moody’s qui a donné le temps nécessaire au Gouvernement pour mettre en place sa politique économique, vient de retirer son triple A à la France avec des commentaires assassins.
Moins de deux semaines après l’annonce en fanfare d’un « pacte de compétitivité », l’agence pointe la « perte de compétitivité
graduelle et soutenue » du pays et regrette que l’on ne constaterait l’effet des mesures annoncées qu’à l’horizon 2014. Moody’s met aussi en avant, je cite, « les perspectives
budgétaires incertaines » et affirme que les hypothèses de croissance à 0,8% en 2013 et 2% à partir de 2014 sont « exagérément optimistes ». L’OCDE, dans sa note de conjoncture de
mardi dernier, ne prévoit pas d’ailleurs pas de reprise solide avant au mieux 2014.
Comment comprendre les revirements concernant la TVA ? D’abord refusée par François HOLLANDE par anti-Sarkozysme primaire
puis remise à l’ordre du jour après six mois d’atermoiements, la hausse de cette TVA ne produira plus les effets attendus, pire elle pénalisera des secteurs qui ne délocalisent pas
comme le bâtiment ou la restauration.
Et elle ne s’accompagne pas des efforts de rationalisation budgétaire et de soutien appuyé aux entreprises que Louis GALLOIS s’est évertué à
réclamer dans les 68 pages de son rapport.
Le choix fait du « tout prélèvement » traduit bien l’erreur de diagnostic de l’actuel Gouvernement. Erreur que la majorité régionale
semble partager. Nous ne sommes malheureusement pas dans un pénible moment qui va passer mais bel et bien dans une crise structurelle qui appelle des réformes structurelles.
La Banque Publique d’Investissement n'échappe pas cette valse-hésitation. Le débat patine depuis l'été pour savoir qui de l'Etat ou des
régions aura le pouvoir de décision.
Nous ne sommes pas opposés à la création de la BPI et même nous soutiendrions cette solution à la condition qu’elle permette véritablement de
supprimer tous les fonds, les agences et comités d’investissement redondants au lieu de s'y ajouter.
Il faut aller vite. La crise gronde, il faut en même temps établir le calendrier de réorganisation de l’appareil d’intervention de la
Région.
L’exemple du doublon créé entre le « Monsieur crise » de l’Etat en Région et son homologue au Conseil régional, Monsieur QUESSADA
annoncé la semaine dernière montre qu’il y a encore de l’efficacité à gagner. La clarification des actions avec les autres collectivités n’est pas au rendez-vous. Il est indispensable,
comme d’ailleurs le demande le CESER, je cite, que «la Région précise les modalités opérationnelles en cohérence avec l’ensemble des acteurs chargés du soutien aux entreprises.
L’articulation entre le représentant de l’Etat au niveau régional et celui de la Région devra rapidement être éclaircie ».
L’enveloppe de 150 Millions €, QUE NOUS VOTERONS pose cependant question alors que plusieurs centaines d’entreprises en difficulté sont déjà
recensées.
L’Etat vous a demandé de l’accompagner dans la maitrise de la dépense publique. Vous faites un choix différent. Il aurait été possible de
réduire d'autres enveloppes budgétaires. Nos élus de la commission des Finances le démontreront tout à l'heure ainsi que Sophie Jozan à propos des transports.
Les critiques envers le Gouvernement et le chef de l'Etat étaient pourtant vives en janvier dernier. Je vous cite Mr Magnen: "Pour parer à
cette crise majeure Nicolas Sarkozy est obsédé depuis quelques mois par le triple A de la France et par les agences de notations. Il a imposé une austérité mal placée … il coupe les vivres des
collectivités premiers investisseurs publics faisant peser sur la population les économies nécessaires à réaliser". On voit avec le recul combien la démagogie de ces propos les rend dérisoires:
l'actuel Chef de l'Etat a maintenu le gel des dotations aux collectivités et s'apprête même à réduire ces dotations en 2014 et 2015! Mr Magnen, adresserez-vous les mêmes critiques à Mr Hollande
dans quelques instants ? Nous vous écouterons.
Pas une interview de Ministres, y compris le Premier Ministre sans les mêmes éléments de langage. Ils ont tous trouvé la même cause à tous nos
maux: c’est la faute de leurs prédécesseurs.
Au fil des mois, cet argument perd sa pertinence et les Français n'y croient plus.
Ils sont déboussolés par le manque de courage, par les mauvais signaux envoyés aux entrepreneurs français comme aux étrangers qui investissent
en France. Comment ces derniers qui pèsent plus d’1 Million d’emploi sur notre territoire national peuvent-ils réagir aux dernières lubies de M. Montebourg qui arrivant au bout de ses promesses
sans lendemain menace maintenant de nationalisation.
C’est bien l’indécision, les volte-face, les contradictions du pouvoir actuel qui viennent ajouter à la crise cet effondrement de la
confiance. Cette confiance dont Alain Juppé dit justement qu’elle est la première condition à tout redressement économique.
Je ne peux conclure et vous le comprendrez M. le 1er vice-président sans évoquer un dossier majeur de l’aménagement de notre
territoire et donc de son économie, je veux parler de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes. Parce que derrière sa réalisation ce sont des centaines d’emploi qui sont en jeu.
Nous avons pris acte du souhait du Premier Ministre de calmer le jeu.
L’appel au dialogue, à l’apaisement, à l’écoute mutuelle est certes louable Mais qui peut croire sérieusement que l’on pourra convaincre
des personnes qui ne veulent rien entendre.
Avec lucidité, beaucoup d’observateurs expriment leur doute.
Le Premier Ministre s'exprimant dans la presse juge d'ailleurs "impensable" que les écologistes "s'associent à des
anarchistes-autonomes" au sujet de l'opposition au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Gageons que la cohésion politique l’emportera logiquement face à l’expression de groupuscules violents, d’altermondialistes acharnés qui ont
trouvé là un cheval de bataille pour exprimer leur haine.
Car tous les républicains sont choqués par l’irrespect de la démocratie. Quel exemple désolant de voir Eva JOLY, ancienne candidate à la
Présidente de la République, et ancienne Juge d’instruction en appeler au devoir de désobéissance civile. Faut-il refaire de la pédagogie élémentaire pour expliquer la différence entre un Etat de
droit et un Etat de non-droit ?
La semaine dernière, Yannick VAUGRENARD notre ancien collègue est intervenu au Sénat pour rappeler avec justesse, que je le cite :
« L’ouest a besoin du grand aéroport de Notre-Dame-des-Landes ; nous entendons garder notre destin en main et assurer le développement de notre territoire, tout autant que le respect de
la démocratie ».
Disons clairement les choses : en ne respectant pas l’aboutissement de ce projet et en vous associant aux altermondialistes vous
cautionnez les menaces que nous recevons tous, nous les défenseurs de ce projet. Et vous porterez la responsabilité de n’avoir pas assumé votre responsabilité d’élus de la nation, d’élu de la
région, si demain ces extrémistes encouragés par vos propos allaient plus loin dans l’escalade de la violence.
Et je veux à cet instant dire notre soutien moral aux populations terrorisées, je n’ai pas peur des mots, qu’on interroge si peu ou qui se
cache de peur de représailles qui subissent depuis des semaines dans leur vie quotidienne les agissements de cette minorité.
Je veux aussi à cet instant dire notre soutien et notre admiration aux forces de police et de gendarmerie nationale, M Magnien, qui ne font
qu’exécuter la force de la loi la loi de la République Française.
Gendarmes mobiles épuisés, le mot a été employé, épuisés de devoir jouer encore au 21 ème siècle dans un état de droit au petit jeu des gentil
contre les méchants.
Honte à vous M.Magnen, honte à M. Dantec , honte à M.de Rugy que M.Ayrault a pourtant fait rois, sénateurs et députés sur le
département.
Pour nous, il est impérieux d’avoir de la cohérence et de la cohésion, conditions essentielles à l’avenir de cet aéroport.
C’est la raison pour laquelle le Groupe UMP réaffirme son soutien résolu au projet et propose de reprendre dans des termes identiques, le vœu
du CESER pour cet aéroport.
Cette proposition que j'ai formulée d'une décision commune des 2 assemblées de notre région, rassemblées pour plus d'impact sera une première,
je crois.
Elle montrera la société civile et la société politique unies pour défendre et promouvoir ce projet.
Majorité et opposition, à des époques successives qui ont œuvré avec constance pour rendre attrayant notre territoire ; lui donner
une image dynamique et entreprenante.
Tous ces évènements ne doivent pas faire oublier que si la décision de réalisation de l'aéroport est derrière nous, ses accès sont un dossier
d’actualité.
Inlassablement, nous avons souligné et nous soulignons encore l’importance de la mise en place des dessertes et du franchissement de la Loire.
Notre inquiétude est palpable à constater les divergences d’appréciation et de priorité sur ces points essentiels entre les collectivités concernées. Le projet est un tout et nous souhaitons des
garanties sur l’étendue des dessertes et sur l’indispensable franchissement de la Loire.
Voilà monsieur le Président l’heure des choix a sonné au sein de votre majorité. Combien de temps accepterez-vous de cautionner qu’au
sein même de votre exécutif certains membres affaiblissent, un projet phare pour notre développement économique, abime l’image même de notre Région construite années après années par des
générations d’élus de tous bords, et qui fait de notre région, une région, pour combien de temps encore à l’heure de la compétition des territoires, une région attrayante attractive et
dynamique ?
Non, nous n’avons pas envie qu’elle soit détruite par une minorité, soutenue par des forces de l’extérieur, qu’elle soit réduite à porter le
triste nom de Larzac 2 !
Le courage c’est aussi de savoir dire stop, d’appeler à une solidarité régionale faute de solidarité nationale.
Parce que je vous le dis, si les élus nationaux et régionaux écologistes ne deviennent pas, aujourd’hui, les médiateurs constructifs de ce
dossier, il tombera dans les oubliettes lorsqu’un nouveau Premier ministre arrivera à Matignon.
Oui, M.le Président, la solidarité régionale c’est maintenant, pour l’adaptation du plan anticrise que nous voterons parce que la situation
économique l’exige.
Et oui M. Magnen, la solidarité régionale c’est maintenant, parce qu’une fois les procédures démocratiques épuisées, il faut savoir accepter
les règles de la minorité dans un Etat de droit!