C’est un grand plaisir pour moi de vous présenter les travaux de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat que j’ai eu l’honneur de conduire sur la Maritimisation avec mon collègue Jeanny Lorgeoux avec qui je suis déjà rapporteur du Programme 144 du Budget de l’Etat .
La maritimisation : la France face à la nouvelle géopolitique des océans, pourquoi ce sujet ?
C’est parce qu’il nous avait semblé lors de nos travaux au sein de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat que les enjeux maritimes n’avaient pas été perçus à leur juste mesure lors de la rédaction du Livre blanc en 2008, que nous avons conduit les travaux qui ont mené au rapport sur la Maritimisation.
Convaincus de l’importance des enjeux maritimes, nous souhaitions en effet que cette faiblesse soit corrigée dans le Livre blanc suivant. Il était de notre responsabilité, en tant que représentants d’une nation maritime, que de travailler à l’intégration de ces enjeux dans la stratégie nationale de défense et de sécurité. La commission a voulu – grâce à ce travail – se mettre en position de pouvoir peser sur les grands choix et les grandes orientations qui allaient être décidés au sein de la commission du Livre blanc d’abord puis avec la loi de programmation. C’est pourquoi nous avons constitué un groupe de travail. Celui-ci a réuni des parlementaires de droite et de gauche car le sujet dépasse, à l’évidence, les considérations partisanes. Il s’agit tout de même de la stratégie maritime de la France ! Dans le contexte budgétaire actuel, nous devions plus que jamais appréhender le plus clairement possible non seulement les menaces et les opportunités que présente le contexte international, mais encore une vision précise de nos priorités, du niveau de nos ambitions et de nos objectifs, afin de déterminer les moyens que nous pouvons et voulons y consacrer.
Notre commission a souhaité préparer très en amont les travaux du livre blanc, sur lesquelles nous entendions, naturellement, peser. Profitant de la période du premier semestre 2012, la commission a produit 6 rapports : Les bases de Défense/l’avenir des forces nucléaires françaises/Les capacités industrielles critiques/la cyberdéfense, enjeu mondial, priorité nationale/le format et l’emploi des Forces/la maritimisation complétés par le rapport de synthèse du Président Jean Louis Carrère.
Finalement, les enjeux maritimes ont bien été pris en compte dans le nouveau Livre blanc. Je m’en réjouis profondément. Je suis heureux d’avoir pu contribuer – par ce rapport – à cette prise de conscience de l’importance de la mer pour la France et le monde. La loi de programmation militaire s’inscrit dans le cadre de la stratégie définie par le Livre blanc. J’y reviendrai.
Bien sûr, j’interviens ici en terrain conquis, je vous sais convaincus de l’importance des missions de la Marine. Mais je voudrais insister sur certaines tendances lourdes, certaines dynamiques fortes qui font de la mer l’avenir de la terre.
Je voudrais simplement vous donner ici des éléments pour être ambassadeurs du fait maritime. Et surtout, vous encourager à l’être, car je crois profondément à la montée de la place de la mer dans le monde !
Au milieu d’une carrière forcément opérationnelle, cette année d’études est, me dit-on, une chance pour se former, rencontrer les autres armées, apprendre d’elles, et échanger. La maritimisation n’est pas un phénomène de mode, j’y reviendrai plus amplement, c’est un mouvement ancien qui dépasse le monde de la mer et concerne l’ensemble de la communauté internationale. C’est un enjeu vital pour la puissance à venir des Etats. Vous devez intégrer les autres couleurs d’uniformes à vos réflexions, les rallier à la cause maritime car les enjeux attachés à la mer dépassent la seule communauté des gens de mer ! Pour commencer, bien sûr – c’est peut-être chose faite pour certains d’entre vous, je l’espère pour beaucoup ! – je ne peux que vous inciter à lire le rapport ! A lire également les publications de l’Institut français de la mer, et de façon générale du cluster maritime français.
Comme nous le disions dans le rapport, « l’importance économique, diplomatique, écologique croissante des espaces maritimes dans la mondialisation, fait plus que jamais de la mer un enjeu politique grâce auquel un Etat peut rayonner et affirmer sa puissance sur la scène internationale ». J’en suis convaincu, la mondialisation est une maritimisation du monde. Et pour sa sécurité et sa puissance, la France doit mettre en œuvre une véritable politique maritime intégrée. Pourtant, il y a un fossé qui je pense se comble progressivement entre la réalité des enjeux maritimes et la conscience qu’en ont les Français, Il y a également un constat d’absence d’une réelle politique ambitieuse maritime pour la France. Pour son avenir, la France doit se tourner vers la mer, vous pouvez et vous devez l’y aider.
Mais commençons par le début : qu’est-ce que la maritimisation ?
La maritimisation, c’est la montée en puissance des enjeux maritimes, l’élan vers la mer. A la fois pour les ressources qui s’y trouvent et parce qu’elle constitue une voie de communication adaptée aux exigences d’efficacité et de rentabilité de l’économie mondiale.
La maritimisation, d’un point de vue économique : c’est, tout d’abord, une augmentation sans précédent des flux maritimes. La division internationale du travail actuelle repose, en effet, sur un flux continu de porte-conteneurs qui irrigue tous les jours l’ensemble des économies nationales. La mondialisation est très largement le produit de la révolution du conteneur. Le fonctionnement de l’économie mondiale en flux tendu, le faible coût du transport maritime et les progrès techniques permettant la construction de navires capables d’emporter toujours plus de conteneurs rendent la mer indispensable dans les échanges internationaux. Je vous donne quelques chiffres pour que vous puissiez les employer à votre tour : le transport d’un conteneur de 20 tonnes entre la Chine et l’Europe coûte aujourd’hui moins cher que celui d’un seul passager par avion sur le même trajet ; 90% du commerce mondial transite par la mer, 95% des données de communication internationale y transitent grâce à un million de kilomètres de câbles de fibre optique, on y retrouve 22% des réserves mondiales de pétrole et 37% des réserves de gaz. Depuis les 20 dernières années, le tonnage transporté par voie de mer a doublé – il est passé de 4,5 à 9 milliards de tonnes par an. En 5 ans, la flotte mondiale a cru de 36%. Le trafic maritime européen a augmenté de 60% en 10 ans.35000 navires de commerce de plus de 1000 tonneaux de jauge brute circulent sur les mers.
La mer est donc un espace de passage et d’échange: plus que jamais, le fonctionnement normal des économies est dépendant de la fluidité des échanges maritimes internationaux. Les approvisionnements stratégiques passent par la mer. La liberté de circulation en mer et la sécurité des océans et des détroits sont devenues des éléments essentiels de notre sécurité non seulement militaire mais aussi économique.
La maritimisation, c’est une question de flux, je l’ai dit, mais c’est aussi une question de ressources. Avec l’épuisement des ressources terrestres, les hommes se tournent vers la mer dont ils ont désormais la possibilité technique d’exploiter les ressources. Les réserves d’hydrocarbures et de minéraux des sous-sols marins et le potentiel en énergie renouvelable des océans seront vitaux aux économies de demain. Les entreprises de prospection et même d’exploitation se multiplient.
La mer est donc un espace de richesse et de prospérité. La croissance de demain en dépend. La Mozambique vient , par la découverte d’un gisement offshore estimé à 850 milliards de M3 de gaz ,
La mer est un espace à défendre et sauvegarder, à sécuriser, à maîtriser et occuper. Car, comme espace stratégique, la mer est bien sûre menacée. Les océans deviennent un objet de convoitise, faisant de la maîtrise des mers un élément essentiel de la compétition internationale. La mer est devenue un atoût stratégique, économique et politique essentiel pour les pays. Quelques exemples chiffrés afin de vous donner quelques repères : En France, la filière maritime génère plus de 52 milliards d’euros de valeur de production ; 310 000 emplois directs et 900.000 emplois indirects ; 360 millions de tonnes de fret, et 30 millions de voyageurs.
Ce basculement de la terre vers la mer entraîne des conséquences stratégiques majeures que nous avons détaillées régions par régions dans le rapport. La maritimisation implique donc un rôle et une concurrence accrus des États en mer, qui doivent s’affirmer face à de nouveaux risques et menaces. Les enjeux de souveraineté et de sécurité de demain s’y trouvent en effet. La mondialisation – qui est une maritimisation, je l’ai dit – conduit à une augmentation de la présence en mer et donc de l’ensemble des risques et menaces qui y sont liés. La volonté d’appropriation porte à la fois sur les espaces et les voies maritimes.
Les espaces en tant que expression de la souveraineté nationale et réserves de ressources – halieutiques, minières, énergétiques…. La volonté d’appropriation des espaces maritimes conduit à une redéfinition des limites maritimes et à la territorialisation des fonds marins. Il y a une véritable compétition des Etats pour étendre leurs zones économiques exclusives. Cette compétition est juridique, elle peut être aussi militaire, comme c’est le cas en mer de Chine. Chacun connaît la situation : les revendications nationales de ce pays sur sa mer éponyme provoquent une véritable course à l’armement dans l’ensemble de la zone, et des incidents de plus en plus fréquents. Ce qui se passe en mer de Chine pourrait très bien arriver en Méditerranée, où la découverte de nouveaux gisements d’hydrocarbures dans une zone entre Israël, le Liban et Chypre pourrait attiser les convoitises et être demain une source de conflit.
Les menaces sur les voies maritimes sont également liées à leur utilisation pour des trafics illégaux (drogues, armes, être humains) ou à la volonté de s’approprier les richesses qui y transitent, vous êtes bien placés pour le savoir. La piraterie accompagne ainsi l’augmentation des flux maritimes et s’en nourrit.
La maîtrise des voies maritimes confère puissance et sécurité à ceux qui la détienne. Les menaces pesant sur les routes actuelles conduisent à une recomposition des routes commerciales maritimes. Aujourd’hui, les incertitudes et les menaces qui pèsent sur l’axe central de l’économie mondiale, qui va de la Méditerranée à la mer de Chine, en passant par l’océan Indien, conduiront, à terme, à rechercher d’autres voies. Celle de Panama qui va doubler de largueur d’ici peu mais aussi de nouvelles routes, par la voie Nord. L’Arctique, déjà objet de convoitises en raison de ses impressionnantes ressources en hydrocarbures, sera demain – en raison du réchauffement climatique – un passage maritime de première importance et les premiers cargos chinois commencent à y circuler depuis quelques semaines.
Dans cette compétition, sont en jeu à la fois la préservation de la liberté de circulation en mer, principe qui a fondé le droit maritime international, mais aussi la place de la France dans le monde : tant nos intérêts stratégiques de projection de puissance que nos intérêts industriels et technologiques. L’économie maritime est désormais un enjeu de concurrence industrielle majeur, dans le domaine de la construction navale bien sûr, dans le domaine militaire, dans celui des services offshore, mais aussi dans celui des énergies et notamment des énergies marines renouvelables qui sont des marchés en émergence à fort potentiel de croissance.
La multiplication des risques exige – je l’ai dit – une implication croissante des Etats pour surveiller, contrôler et appréhender les acteurs source de menaces.
Dans cet élan vers la mer, la France possède de nombreux atouts, notamment du fait de sa zone économique exclusive. Les marins que vous êtes savent bien que la France est un archipel. Il faut que nos concitoyens sortent de leur vision métropolitaine ! La France n’est la France que par ses outremer. Ils constituent 97% des 11 millions de km² de notre zone économique exclusive, la deuxième mondiale. Avec ses territoires d’outre-mer, la France dispose d’un atout stratégique important qui lui assure une présence sur tous les océans. La France est aussi une puissance du Pacifique. Grâce à ses appuis, et à une marine océanique de premier plan, la France est une puissance maritime reconnue. La Marine nationale contribue en effet substantiellement à la souveraineté de la France dans ses territoires ultramarins.
Le domaine outremer regorge de ressources naturelles, il est encore peu exploré, peu exploité, ni valorisé, et parfois mal délimité. Mais nous savons d’ores et déjà qu’à partir de 2019, la Guyane devrait produire du pétrole peut être à hauteur de 200.000 barils par jour. Les premières explorations à Wallis et Futuna semblent indiquer la présence de terres rares, ces métaux stratégiques essentiels aux nouvelles technologies.
La France dispose en outre d’une tradition maritime ancienne et d’une industrie civile et militaire navale particulièrement compétitive. Elle occupe le sixième rang dans la construction et la réparation navales, le premier rang dans le nautisme en construction de voiliers, le sixième rang dans la recherche océanographique civile et militaire et le vingt et unième rang dans la pêche et la production de produits de la mer.
La France a des atouts, je viens de vous les exposer, mais aussi des handicaps, notamment des voies d’approvisionnements vulnérables qui traversent un arc de crise et des infrastructures portuaires inadaptées et mal connectées, qui empêchent la France de devenir la porte d’entrée maritime de l’Europe que la géographie lui permettrait d’être. Comme chacun sait, le premier port de commerce de France est Anvers. Comme mentionné précédemment, l’essentiel de la France maritime se trouve outremer : la qualité des relations entre la métropole et ces territoires pour lesquels la valorisation et la sécurisation des activités maritimes sont des défis majeurs sera déterminante. La complexité est accentuée par la situation de nos ZEE situées à 80% dans la zône Pacifique (8.5 millions de Km2 ) avec 3 zones principales :
Polynésie Française 4,76 millions de Km2
TAAF 1,72 ,,
Nouvelle Calédonie 1.42 ,,
que nous pouvons comparer avec la superficie de l’ensemble de la Communauté Européenne : 4,4 millions de Km2
Nous l’avons dit, la mer constitue un potentiel de richesses immenses. La multiplication des activités en mer, des plateformes off-shore, pétrolières ou minières, la montée en puissance des marines des pays émergents sont autant de nouveaux marchés pour nos industries et donc pour la croissance dont nous avons tant besoin pour redresser le pays. La France a, dans cette compétition internationale, une carte à jouer, une carte à défendre. Elle a besoin d’une politique maritime intégrée et d’acteurs forts qui la mettent en œuvre. Si elle n’est pas le seul – on entend souvent qu’il y en trois autres : marine marchande, de plaisance, de pêche, tous appartenant à la grande famille des gens de mer, la Marine nationale est un acteur majeur du milieu maritime. Les marins d’Etats ont la double identité d’être des militaires et des gens de mer. La Marine défend, sauvegarde, sécurise, maitrise et occupe l’espace maritime.
Pour sécuriser ses activités et peser sur les équilibres internationaux, la France dispose d’une marine de haute mer à large spectre, porteuse de la dissuasion nucléaire et capable d’entrer en premier sur un théâtre d’opérations avec un groupe aéronaval ; d’une marine capable de sécuriser l’ensemble de ses zones économiques exclusives, et de pouvoir comprendre, prévenir, protéger, projeter, voire intervenir sur l’ensemble des océans de la planète.
Aujourd’hui, nous sommes donc à la croisée des chemins. Le Livre blanc a été l’occasion de donner leur juste place aux enjeux maritimes : c’est une des données majeures de l’évolution du contexte stratégique. La stratégie maritime est l’un des piliers de la stratégie de défense et de sécurité. L’importance des missions de l’Etat en mer et de sauvegarde maritime a été réaffirmée, le rôle de la marine comme outil de projection et d’action de la mer vers la terre également, la place des territoires ultramarins dans la définition de nos intérêts nationaux confortée. Le Livre blanc a clairement acté le fait maritime, ce dont la représentation nationale se félicite. Il faut donner à la Marine Nationale les moyens des missions qu’on lui demande. La France doit être capable d’affirmer sa souveraineté en mer face à des Etats souhaitant étendre les limites de leurs eaux territoriales ou de leurs zones économiques exclusives. Pour appréhender des narcotrafiquants qui utilisent des Go fast et des lance-roquettes ; pour sécuriser les champs d’éoliennes off-shore dans la Manche ou les centrales d’énergie thermique des mers à la Réunion ou dans les Antilles que nous construirons peut-être demain, il faut des moyens.
En résumé, les missions augmentent, et les moyens de la marine diminuent. A l’heure de cette maritimisation en marche, il est important de sécuriser nos intérêts et donc de renforcer le rôle et les moyens de la marine océanique, surtout lorsqu’on constate que les pays émergents construisent déjà activement les marines de demain. Plutôt que de dresser une liste des équipements à renouveler par ordre de préférence, le groupe de travail a développé dans son rapport écrit les principes directeurs qui devraient caractériser la marine de demain. Je pense notamment à la permanence, au pré-positionnement en mer, à la polyvalence, à la précision, à la complémentarité et l’interopérabilité.
Je n’ai pas le temps de développer, ce qu’il faut préserver, c’est la cohérence de notre outil entre les missions, le format et les équipements. Cohérence par rapport aux principes que je viens de citer, cohérence par rapport aux menaces. Cohérence avec nos zones d’intérêt et nos approches maritimes, je pense à la Méditerranée qui est devenue une zone d’incertitude avec les recompositions politique qui ont suivi les printemps arabes, mais aussi à nos ZEE et à nos routes d’approvisionnements qui passent par l’océan Indien ou Ormuz.
J’entends déjà certains dire qu’il faut réviser nos ambitions pour les ajuster à nos moyens. Le problème, c’est que nous ne choisissons pas le niveau de risques et de menaces auquel nous sommes confrontés. La communauté nationale doit réaliser que sa sécurité et sa défense ont un coût. Alors que le monde réarme – entre 2011 et 2016, le budget « naval » de la Russie devrait augmenter de 35 %, celui de la Chine de 57 %, le Brésil de 65 %, l’Inde de 69 %, il y a aujourd’hui un risque de déclassement de la France et de l’Europe. Oui ! Et même si j’entends souvent « ils partent de si loin. » : Je voudrais insister : ils nous ont aujourd’hui dépassés en termes de tonnage. Celui des BRIC est supérieur à celui cumulé des marines françaises et britanniques et même si vous me dites justement que le tonnage ne fait pas tout et qu’il y a la capacité de manier des systèmes d’armes complexes et polyvalents, je vous répondrai que l’histoire économique nous montre que les pays émergents apprennent vite. Le monde réarme, l’Europe désarme, c’est dans le domaine naval une réalité qui doit nous conduire à accélérer la construction d’une défense de l’Europe.
C’est aussi pourquoi nous estimons que cette stratégie militaire doit être accompagnée d’une stratégie industrielle de valorisation du secteur maritime.
L’économie maritime crée de la richesse, contribue à la croissance. Il y a là de nouvelles filières industrielles qui peuvent être les emplois de demain.
L’industrie navale, civile comme militaire, est l’un des piliers de la France maritime.
Soutenir l’économie maritime française, c’est
- soutenir la filière industrielle des chantiers navals dans la compétition internationale.
- développer les ressources énergétiques et minérales marines.
- définir une véritable stratégie portuaire pour favoriser l’intermodalité et la compétitivité ; - développer une pêche et une aquaculture durables ;
- suivre et évaluer notre politique maritime ;
Vous trouverez dans le rapport le détail de ces mesures. Chacun de ces thèmes mériterait un rapport. Je voudrais vous exposer deux pistes :
- la première est de créer un commissariat aux énergies marines renouvelables qui puisse fédérer les acteurs publics et privés de ce secteur afin d’accélérer la mise en place de ces nouvelles technologies ;
- la deuxième est de renforcer les moyens en expertise du Secrétariat général à la mer et son rôle notamment dans la déclinaison du format de la fonction Garde-côtes.
De même, il nous paraît impératif de développer des coopérations internationales en faveur d’un modèle maritime international responsable.
Il nous faut approfondir la construction d’une Europe de la mer. La crise financière que traverse l’Europe peut être une opportunité pour avancer vers une mutualisation partielle des dépenses navales, une rationalisation des forces, voire une utilisation commune des bâtiments. La clef du succès reste le partage des visions stratégiques et une définition commune des intérêts vitaux. C’est pourquoi il faut se hâter de poursuivre la construction politique de l’Europe. C’est une impérieuse nécessité ! La France doit avoir une démarche active dans la définition de cette politique maritime européenne.
Vous le voyez, les enjeux et les sujets englobés dans le domaine de la politique maritime sont incroyablement diversifiés mais tous hautement stratégiques. Cette diversité appelle une politique maritime intégrée. Il faut planifier une approche politique et stratégique de la mer et une gestion intégrée et concertée des différentes activités liées à la mer et au littoral. La France doit avoir une vision globale et pragmatique de ce qu’elle veut faire de son espace maritime et favoriser les initiatives et la recherche pour exploiter les nombreuses et larges possibilités qui s’y trouvent.
Vous l’aurez compris la maritimisation est un enjeu majeur de l’évolution du contexte stratégique. Dans la situation budgétaire actuelle, le défi auquel sont confrontés les pouvoirs publics est de réduire les dépenses sans injurier l’avenir. Il ne faut pas réduire le prochain débat sur le projet de loi de programmation militaire à un simple débat comptable : la rareté des financements publics doit conduire plus que jamais à cerner au plus près les priorités qu’imposent les évolutions structurelles du contexte international. Il faut bien réfléchir à la pertinence des choix que nous serons amenés à prendre dans les prochains mois en matière d’investissement et de défense, et garder à l’esprit le grand large et le « temps long ». Il faut avoir à l’esprit que les choix qui seront faits engagent le pays sur le long terme et seront, pour certains, difficilement réversibles.
J’espère que la production d’un tel rapport par la commission des affaires étrangères de la défense et des forces armées du Sénat aura mis en lumière la forte interaction – que nous pensons vitale – entre les acteurs de l’économie maritime, la Marine nationale, et nos concitoyens. J’espère également qu’il aura montré l’intérêt de la représentation nationale pour le fait maritime et l’action de la Marine Nationale dans l’affirmation de la puissance française. Celle-ci passe par la prise en considération de l’importance stratégique de la mer : tous, marins ou non, doivent avoir conscience de ce qu’elle peut apporter à la France.
J’espère enfin vous avoir donné le goût d’apprendre et de transmettre l’importance de la maritimisation !
Comme les forestiers et les familles, les marins disposent du temps long .Ce temps long est une chance pour ceux qui savent faire les bons choix pour préparer les belles réalisations du futur.
L’assèchement actuel des finances publiques ne peut nous dispenser de travailler ensemble à nos projets.
Le sel des embruns n’assèche pas la bouche : sachez vanter la valeur du large !
Je vous remercie,
Par André TRILLARD Publié dans : Au Sénat