"Sortir du nucléaire, c'est remettre en cause notre industrie,
mettre un coup à l'activité et à l'emploi, ainsi qu'au pouvoir d'achat des Français"
Le Président de la République se rend dans le Vaucluse et la Drôme afin d'évoquer la politique énergétique de la France. Il visite tout d'abord l'entreprise Isover-Saint Gobain à Orange, qui
produit de la laine de verre, et s'entretient avec les salariés. Puis il se rend au centre nucléaire de production d'électricité (CNPE) de Tricastin, où il rencontre les représentants locaux du
personnel d'EDF et d'AREVA. Enfin, il prononce un discours sur notre politique énergétique et la pérennité de la filière nucléaire.
CONTEXTE
Les chiffres clés de la production et de la consommation d'électricité en France
Production
550 TWh produits en 2010, dont 408 TWh produits par le parc nucléaire
58 réacteurs dans le parc nucléaire, répartis sur 19 sites
74% de notre électricité est produite par le nucléaire, 15% par des énergies renouvelables, 11% par des énergies fossiles (à titre de comparaison : 22%-18%-60% en Allemagne, 0%-17,5%-82,5% en
Italie)
Consommation
476 TWh sont consommés en 2010 par les utilisateurs finaux
Les entreprises consomment la moitié de l'électricité (+30% de consommation en 20 ans)
Les particuliers et les artisans consomment l'autre moitié (+78% de consommation en 20 ans)
44 TWh sont perdus sur le réseau
30 TWh sont exportés, ce qui rapporte à la France 1,5 milliard d'euros
Les chiffres clés de la filière nucléaire
400 000 emplois directs, indirects, et induits
Un réacteur nucléaire moyen a une puissance maximale de 1100 MW, et fonctionne environ 6500 heures par an
Le coût de production d'un MWh d'origine nucléaire est de 42 euros
Division par 2 de nos importations de pétrole entre 1973 et 1990 grâce au nucléaire
Seulement 30 millions de tonnes de CO2 émises par la production nucléaire en France (Allemagne : 300 millions de tonnes)
L'électricité est en France 2 fois moins chère qu'en Allemagne pour les particuliers (120€/MWh contre 240€/MWh) et 33% moins chère pour les entreprises.
EDF et AREVA
EDF
Le groupe EDF est un électricien intégré, présent sur l'ensemble des métiers de l'électricité : la production, le transport, la distribution, la commercialisation et le négoce
d'énergies. Il est l'acteur principal du marché français de l'électricité et détient des positions fortes au Royaume-Uni et en Italie, qui en font l'un des électriciens leader en Europe et un
acteur gazier reconnu.
Puissance installée : 133,9 GW dans le monde au 31 décembre 2010 (dont 129,8 GW en Europe). Chaque année, EDF produit dans le monde 630,4 TWh, faiblement émetteurs de CO2 du fait de la part du
nucléaire dans le mix énergétique.
Clients : 37 millions dans le monde (dont près de 28 millions en France)
CA 2010 : 65,2 milliards d'euros
Salariés : 158 842 dans le monde (dont 110 000 en France)
AREVA
Leader mondial du nucléaire, le groupe AREVA propose aux électriciens une offre intégrée qui couvre toutes les étapes du cycle du combustible, la conception et la construction de
réacteurs nucléaires ainsi que les services associés.
Salariés : 48 000 dans le monde
CA 2010 : 9,1 milliards d'euros
EDF est le premier client d'AREVA et représente 25% de son CA. AREVA est le premier fournisseur d'EDF.
Les sites visités par le Président de la République
ISOVER
ISOVER est le numéro 1 mondial sur le marché des laines minérales destinées à l'isolation thermique et acoustique des bâtiments.
Filiale à 100% du groupe Saint-Gobain,
900 salariés
CA : 350 millions d'euros
Clients : 100 000 artisans
Le Bâtiment est en France le 1er secteur consommateur d'énergie (45% de la consommation, 25% des émissions de gaz à effet de serre). 75% de l'énergie est utilisée pour le
chauffage. Dans le cas des maisons anciennes non isolées, les travaux d'isolation permettent de réduire jusqu'à 80% la consommation pour le chauffage. ISOVER possède 4 usines et un important
centre de recherche. L'usine d'Orange est la plus grosse usine de laine minérale en Europe : elle produit annuellement 100 000 tonnes. En 40 ans, les produits fabriqués dans l'usine d'Orange ont
permis d'économiser l'équivalent de la consommation d'énergie annuelle de 15 millions d'habitants. ISOVER se distingue par sa politique d'investissement (+ de 150 millions d'euros en France en 3
ans) et de R&D (40 millions d'euros en France en 2010), soutenue par le Crédit Impôt
Recherche (CIR) à hauteur de 5 millions d'euros.
Le Grenelle de l'environnement va permettre d'accroître le CA d'ISOVER de 15% cette année, ce qui démontre que l'on peut concilier la protection de l'environnement avec la croissance et
l'emploi.
L'activité d'ISOVER est électro intensive. L'électricité représente 10% du prix de revient et la consommation électrique de l'usine est équivalente à celle de la ville d'Orange.
Depuis 10 ans, ISOVER met donc l'accent sur les économies d'énergies (-20%). La société limite également son impact environnemental, en utilisant jusqu'à 80% de verre recyclé pour ses matières
premières, en recyclant 90% de ses déchets de fabrication, et en divisant par deux sa consommation d'eau au cours des 10 dernières années.
Tricastin
Etendu sur 650 Ha, le site du Tricastin est situé au carrefour des départements de la Drôme et du Vaucluse, entre Valence et Avignon, sur 4 communes différentes. Il comprend 4 réacteurs
nucléaires exploités par EDF et plusieurs installations de l'amont du cycle gérées par AREVA, ainsi qu'un centre de recherche du CEA. Le Tricastin est aujourd'hui la plus importante
concentration industrielle nucléaire et chimique en France. Le site emploie 4200 personnes, auxquelles s'ajoutent 2700 emplois générés auprès d'entreprises extérieures. 1500 personnes sont
actuellement mobilisées sur les différents chantiers en cours (Georges Besse II et COMURHEX II).
Les quatre réacteurs de Tricastin ont été mis en service entre 1980 et 1981. La centrale produit chaque année environ 25 TWh, soit 6% de la production électrique française.
BILAN : LES ANNONCES DU PRESIDENT
Il n'est pas question de laisser détruire notre filière nucléaire
Il est impossible d'abandonner le nucléaire et de revenir sur un héritage de 60 ans ayant jusqu'à présent fait l'objet d'un consensus sans proposer aucune alternative crédible, tant les
conséquences en matière économique, industrielle, en matière d'emploi et de pouvoir d'achat seraient considérables, en particulier en période de crise.
QUESTIONS/REPONSES SUR LA SORTIE DU NUCLEAIRE
Quelles seraient les conséquences d'une sortie du nucléaire sur l'emploi ?
Mettre à terre la filière nucléaire mettrait en danger les 400 000 emplois (dont 25 000 en Rhône-Alpes) de la filière. Cela aboutirait également à la perte totale d'un savoir-faire industriel
dans lequel la France excelle et exporte.
Quelles conséquences pour les entreprises ?
Ce serait mettre en péril les entreprises qui ont une activité qui consomme beaucoup d'électricité (électro-intensive) et emploient 150 000 autres salariés. Par exemple, pour une usine
d'aluminium, la facture électrique représente jusqu'à 40% des coûts de production. Si bien que mettre à terre la filière nucléaire, et donc faire croître de 50% le coût de l'électricité
signifierait également la fermeture de toutes nos usines d'aluminium. Globalement, et pour toutes les entreprises, une hausse de 10% du prix de l'électricité engendre 1 milliard d'euros de coûts
supplémentaires pour notre industrie, qui n'en a pas besoin.
Quelles conséquences pour le pouvoir d'achat des ménages ?
Grâce au nucléaire, un ménage français qui consomme 3500 KWh par an paye 453 euros de facture d'électricité (Allemagne : 860 euros). Mettre un coup d'arrêt au nucléaire en ferait reposer le
surcoût sur les millions de foyers français qui verraient leur pouvoir d'achat fortement impacté. En particulier les foyers les plus modestes, pour lesquels la facture énergétique représente un
poste important de dépense.
Quelles conséquences pour l'indépendance de la France et sa balance commerciale ?
Renoncer au nucléaire alors que les énergies renouvelables, en l'état actuel des connaissances et des techniques, ne peuvent pas se substituer entièrement au nucléaire à un coût raisonnable, nous
imposerait d'importer des énergies fossiles (pétrole, gaz) en quantités considérables. En plus d'accroître nos émissions de CO2, cela détruirait notre indépendance énergétique, qui est l'un des
éléments de notre souveraineté et de notre rayonnement international, en nous mettant dans les mains des pays producteurs de gaz et de pétrole, tout en dégradant notre balance commerciale.
Pourquoi ne pas remplacer le nucléaire par du solaire ?
Un réacteur moyen du parc nucléaire français a une puissance maximale de 1100 MW. Il fonctionne environ 6500 heures par an. Une centrale solaire de 10 MW (70 000 m2 de panneaux solaires sur un
entrepôt par exemple) dépend de l'ensoleillement et fonctionne donc seulement 1000 heures par an. Il en faut 175 pour remplacer un seul réacteur nucléaire. De plus 1 MW d'énergie solaire est 5 à
10 fois plus cher à produire qu'1 MW d'origine nucléaire. Remplacer un seul réacteur nucléaire par des centrales solaires représente donc au total un surcoût de 1,3 milliard d'euros par an.
Et par de l'éolien ?
Une éolienne délivre une puissance de 2,5 MW et fonctionne 2000 heures par an (car le vent ne souffle pas en permanence). Pour remplacer un seul réacteur nucléaire, il faut donc 1500 éoliennes.
Le surcoût est de 400 millions d'euros par an pour remplacer un réacteur. Cela représente au total 115 milliards d'investissements pour remplacer 24 réacteurs. Sans compter la pollution visuelle
que peuvent engendrer des éoliennes implantées en nombre au cœur de certains paysages.
Le nucléaire ne peut se concevoir que si le plus haut niveau de sécurité est garanti
Le choix du nucléaire fait par la France depuis un demi-siècle a une contrepartie indissociable : une exigence absolue en matière de sûreté nucléaire et de transparence, qui a
été inscrite dans la loi en 2006. La France n'a pas attendu l'accident de Fukushima pour s'occuper de sûreté nucléaire. Notre pays s'inscrit dans une démarche permanente d'amélioration du niveau
de sûreté, avec un renforcement progressif des objectifs, y compris sur les installations existantes, et un retour d'expérience permanent des incidents et accidents qui peuvent survenir, en
France comme à l'étranger. Dans les jours qui ont suivi le tsunami qui a frappé le Japon, le Président a demandé au Premier ministre d'engager des Examens Complémentaires de Sûreté (ECS) des
centrales nucléaires françaises pour tirer tous les enseignements de l'accident. Les ECS s'inscrivent par ailleurs dans la revue organisée au niveau européen, dont la France a été à l'origine. Le
processus français inclut l'ensemble des installations nucléaires (et non seulement les réacteurs). En outre les critères d'évaluation sont extrêmement stricts et les hypothèses envisagées sont
extrêmes. L'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASNP) tirera les conclusions de ce travail début 2012 et communiquera ses recommandations au gouvernement, qui les fera appliquer.
L'Etat va continuer à investir dans le nucléaire, en particulier grâce au programme des investissements d'avenir
Le programme des investissements
d'avenir, financé par le Grand Emprunt, consacre 1
milliard d'euros à la filière nucléaire afin de réaliser 4 projets majeurs :
- La réalisation du réacteur d'expérimentation Jules Horowitz
- La réalisation d'un démonstrateur de réacteur de 4e génération ASTRID
- Un programme de recherche sur la sûreté
- Des recherches sur l'amélioration des techniques de stockage et d'entreposage des déchets
Parallèlement, les investissements d'avenir ne négligent nullement la filière des énergies renouvelables puisqu'ils mettent à sa disposition 2,6 milliards d'euros en faveur de
l'innovation.
L'énergie nucléaire est les énergies renouvelables ne s'opposent pas : elles se conjuguent
74% de l'électricité française est produite par le nucléaire, 15% par des énergies renouvelables, 11% par des énergies fossiles. Depuis 2007, beaucoup a été fait afin de
développer les énergies renouvelables. Avec le Grenelle de l'environnement, en seulement 5 ans, la part de l'énergie consommée en France provenant de sources renouvelables a augmenté de 33% : le
parc éolien a été multiplié par 5 depuis 2005, le parc solaire a été multiplié par 30 en 4 ans. Les biocarburants, la géothermie, progressent eux aussi rapidement. En 2008, la Présidence
française de l'Union européenne a fait adopter à l'Europe le paquet énergie-climat, qui constitue la feuille de route
européenne pour les 10 ans à venir en matière d'économies d'énergies, de développement des énergies renouvelables et en réduction des émissions de CO2. En France, au moins 23% de l'énergie
consommée proviendront ainsi de sources renouvelables. Au final, la réduction de la part du nucléaire dans notre mix électrique est une conséquence du développement des énergies renouvelables.
Pour tout savoir sur le développement des énergies renouvelables en France et lire un bilan des 4 ans du Grenelle de l'environnement, consultez
le dossier de référence.