François Fillon s'exprime devant le campus UMP 2011 à Marseilles le dimanche 4 septembre 2011.
Mes chers amis,
Vous avez répondu présent au rendez-vous de ce campus d’été, et, comme toujours, les jeunes populaires ont fait
entendre leur voix.
Dans les collèges, les universités, les entreprises, sur les marchés, la bataille des convictions se gagnera avec
vous, sur le terrain.
Merci à Jean-François Copé et à tous les organisateurs, au premier rang desquels Benjamin et Franck et merci d’avoir
retenu Marseille pour nous accueillir.
Merci à Jean-Claude Gaudin, inaltérable maire de Marseille, merci à tous les parlementaires, élus et militants des
Bouches-du-Rhône.
Merci à tous les membres du gouvernement ici présents.
Avec Bruno Le Maire, ils contribuent à l’élaboration de notre projet, dont je rejoins la philosophie.
A travers ce projet, nos concitoyens doivent pouvoir mesurer que ce que nous avons entrepris - parfois imparfaitement
mais toujours avec sincérité ! – n’est qu’un premier pas dans un monde qui commence.
D’autres étapes sont nécessaires, d’autres réformes sont indispensables.
Nous ne faisons qu’ouvrir la porte de l’avenir.
La gauche n’ose pas franchir ce pas.
Dans son programme, rédigé avant que la crise des dettes souveraines n’éclate, avant que la signature financière des
Etats-Unis ne soit dégradée, tout est décrit comme si l’environnement international n’était qu’une donnée parmi d’autres, comme si la France disposait d’un trésor caché qu’il suffirait de
débusquer pour remettre ses finances publiques à flot et satisfaire toutes les requêtes sociales, comme s’il suffisait de détruire notre bilan pour s’en bâtir un.
Aux primaires, les candidats prétendent qu’ils sont différents mais comment peut on être vraiment différent lorsque
la ligne politique a déjà été fixée par le parti ?
Le programme du parti socialiste a été voté, et ce programme s’imposera au vainqueur des primaires, nous
dit-on !
Le scénario est donc déjà écrit ; il suffit juste pour les électeurs des primaires de choisir parmi les acteurs
celui ou celle qui tiendra le rôle principal.
Et pour tenir le rôle, c’est une fois encore, à celui qui lancera les attaques les plus viles contre le Président de
la République.
Mais le Président n’est pas seul !
Vous êtes là, nous sommes là avec tous ces Français qui savent distinguer le vrai du faux, pour témoigner que son
engagement au service de la France a été total.
Les quatre années écoulées ont été des années difficiles, au rythme des chocs qui ont frappé nos pays
industrialisés.
Mais elles ont toujours été des années utiles, parce que notre pays s’est réformé, transformé, et cela sans rompre
son héritage social et sa filiation républicaine.
Malgré la dureté de la récession, malgré l’enchaînement des réformes dont certaines, c’est vrai, ont bousculé les
acquis et les habitudes, malgré les réductions budgétaires, nos concitoyens ont fait preuve de maturité.
Bien sûr qu’ils sont inquiets, impatients, sceptiques.
Ils attendent des résultats, des signes de reprise.
Dans une société confrontée à la crise, comment ne pas les comprendre ?
Comment ne pas comprendre ces parents qui s'inquiètent de l'emploi que pourront trouver leurs enfants après leurs
études ?
Comment ne pas comprendre ces entrepreneurs en quête de marchés et ces salariés qui s’inquiètent pour leur
emploi ?
Comment ne pas comprendre tous ceux pour qui l’emballement sur les prix des matières premières, dont l'essence bien
entendu, est un véritable casse tête.
Mais dans ce contexte où aucun horizon n'est vraiment éclairci, où toutes les valeurs refuges traditionnelles se
brouillent, où la géographie politique du monde rend caducs nos manuels diplomatiques, les Français gardent un remarquable sang froid et montrent un grand sens des
responsabilités.
Ils ne cherchent ni la fuite en avant, ni des excuses, ni de faux semblants.
Ils demandent du sérieux, ils acceptent les efforts, ils veulent de l’équité et sont prêts à entendre la
vérité.
Je veux souligner cette nouvelle exception française.
Elle prouve que dans ses tréfonds la société française a senti l’ampleur des enjeux et l’obligation de s’organiser
pour les affronter.
Bien sûr, ce consensus se décline différemment selon la catégorie de Français à laquelle on s'adresse. Mais ce
consensus existe, et c'est l'atout maître de nos stratégies présentes et à venir.
La gauche parie sur la peur et la déception.
Je parie sur le sang froid et la lucidité.
Je suis venu vous dire ma conviction, que si les Français ont tant de cran et de réalisme, c'est que notre pays a
déjà changé en profondeur, que les réformes, les politiques de modernisation, notre volontarisme, portent leur fruits et ancrent la France au rang des nations qui font face.
Nous avons des raisons d’espérer.
De l’autre côté de la Méditerranée, la cause de la Liberté, cette cause lumineuse que l’on disait réservée à quelques
nations a enflammé le cœur des peuples bâillonnés.
Je rends hommage au courage de ces combattants qui ont brisé leurs chaînes.
Et je salue le professionnalisme de nos soldats qui ont placé leur force au service du droit.
Les dictateurs et les tyrans constatent désormais que le vent de la liberté est plus puissant que le mur de la
peur.
Notre siècle verra-t-il ce souffle s’amplifier et passer partout où règne la servitude ?
L’Histoire commande de rester réaliste car le chemin de la démocratie est semé d’embûches.
Mais ce que je crois, c’est que les régimes oppressifs ne peuvent plus agir en toute impunité.
Ce que je crois, c’est que le monde arabo-musulman est en train de vivre une transformation politique qui redessine
l’espace méditerranéen, et l’occasion doit être saisie pour mettre un terme au conflit israélo-palestinien.
Et ce qui est sûr, c’est que si Nicolas Sarkozy n’avait pas eu l’audace de sauver Benghazi, le carnage aurait eu lieu
et l’honneur de la communauté internationale aurait été bafoué.
Je regrette le contraste entre les critiques bruyantes suscitées par notre intervention militaire, et la relative
indifférence qui a entouré le succès de notre diplomatie et de nos armes.
Avant-hier, 60 pays étaient réunis à Paris pour aider la Libye à construire son avenir. Au lieu de s’en féliciter,
certains se sont empressés de déceler dans cette réussite des intérêts cyniques.
Sur la base d’un faux document émanant d’une organisation qui n’a jamais existé, ils ont voulu accréditer l’idée que
«tout cela c’était pour du pétrole».
Pourquoi cette désinformation ?
Pourquoi ce plaisir malsain à salir, à rabaisser notre pays, alors qu’il s’est comporté avec
noblesse ?
Certains ont cru discerner dans notre engagement des relents de colonialisme.
Libye, Cote d’Ivoire, Afghanistan, à quoi bon s’engager ?
Je condamne ce manque de foi en la France, et je récuse ces disciples de la neutralité qui dénoncent les massacres
qu’ils n’ont pas le courage de combattre.
Que serait la France sans grandeur, infidèle à son histoire, infidèle à sa réputation ?
Ce serait une nation desséchée et sans lumière.
Le prix de la lâcheté est plus élevé que le prix du courage. Et l’isolement est bien plus risqué que le
rayonnement.
Vous pouvez être fiers d’être français.
Fiers d’être un peuple qui n’est pas indifférent au sort réservé aux autres peuples.
Fiers et lucides sur les défis et les contraintes qui pèsent sur notre propre avenir.
Car avoir 20 ans, ça n’est pas nécessairement courir derrière des illusions, et ça n’est pas exiger de la société
plus qu’elle ne peut vous promettre.
Exigez la vérité plutôt que les mirages, choisissez l’action plutôt que la commisération.
Libre à la gauche de promettre une allocation d’étude à tous les jeunes, de leur faire miroiter 300.000 emplois
précaires dans les structures parapubliques, un travail à 35 heures et une retraite à 60 ans, mais libre à vous de poser les bonnes questions que de telles promesses soulèvent.
Quel est le coût de ces mesures pour mon pays ? Quelles valeurs servent-elles ? Est-ce celle de l’audace ?
Est-ce celle du mérite ? Est-ce véritablement celle de la solidarité ? Où est-ce l’annonce mensongère d’une existence sans défis ?
Avoir 20 ans, c’est s’interroger sur le sens que l’on veut donner à la vie, c’est voir le risque comme une
opportunité de se dépasser, c’est voir l’avenir comme une aventure et non comme un terrain balisé.
«La jeunesse heureuse est une invention de vieillards», écrivait Paul Guimard.
Ce que je crois et vous dis sans démagogie, c’est que le bonheur est une conquête pas un privilège de
l’âge !
Distinguez-vous par votre courage, votre maturité, mais aussi par votre capacité à tout repenser.
Ne cédez pas à l’intransigeance de ceux qui voient le monde en noir et blanc. Récusez leurs clivages arbitraires et
trompeurs.
Nous vivons des temps nouveaux, marqués par l’échec des idéologies, marqués par les déraillements du capitalisme
financier, marqués par l’épuisement des ressources naturelles, marqués aussi par la révolte des peuples arabes.
Aucun de ces évènements n’était totalement prévisible, et aucun ne pouvait ni ne peut être traité avec des recettes
anciennes.
On peut ne pas aimer ce monde-là, on peut s’en inquiéter, mais c’est le nôtre, inédit, fulgurant, et il faut s’y
battre avec nos atouts, avec nos valeurs, et surtout avec la lucidité de ceux qui savent que le progrès est une quête permanente.
Les sceptiques vous diront que vous êtes une «génération perdue» car le sens de l’Histoire n’est plus
écrit.
Moi je pense que vous êtes une génération libre car le sens de l’Histoire doit, précisément, être
conduit.
Les candides vous recommanderont de vous indigner de tout, mais que vaut l’indignation sans solutions
crédibles.
Le mal qui guette notre démocratie n’est pas seulement celui de la résignation, c’est celui du simplisme ! Et du
simplisme à la pulsion, il n’y a qu’un pas.
Une large partie de l’Europe est traversée par un vent de populisme.
Contre la mondialisation, contre l’euro, contre les financiers, contre l’étranger : les voix de la radicalité sont
différentes, mais toutes ont pour caractéristique d’improviser des réponses binaires qui n’en sont pas.
De l’extrême droite à l’extrême gauche, ce ne sont que des appels au protectionnisme, à l’exacerbation nationale, à
la revanche sociale. Comme si la France pouvait trouver son salut dans le repli et la colère.
Le peuple français ne doit être ni l’otage du politiquement correct qui nous a si longtemps muselés, ni l’otage du
prétendu politiquement incorrect qui se targue de parler de tout, n’importe comment !
Etre populaire sans être populiste, c’est le défi des républicains que nous sommes.
Soyez des militants de la raison.
Soyez des bâtisseurs et des rassembleurs.
Rassembleurs pour l’UMP et pour la majorité présidentielle qui ne doit pas se disperser si près du but.
L’intérêt général comme l’efficacité électorale nous interdisent d’éparpiller nos forces, et ce principe doit
s’appliquer dès maintenant, pour les élections sénatoriales où l’unité doit s’imposer partout sur les ambitions personnelles.
Soyez rassembleurs pour les Français car il n’y a pas un peuple de droite contre un peuple de gauche, il n’y a que
des citoyens dont l’intelligence et la grandeur d’âme doivent être sollicités.
Soyez capable de donner à la France autant qu’elle vous donne, car en ces temps difficiles, chacun doit aller au bout
de ses responsabilités personnelles.
Sur l’essentiel, l’Etat et ses services publics répondent présent !
Mais tout ne peut pas venir d’en haut, surtout dans une période de rigueur budgétaire comme celle que nous
connaissons.
Depuis trente ans, nous avons augmenté la dépense publique souvent sans progrès décisif.
Pourquoi ?
Parce que nous oublions qu’une part de la solution dépend de chacun de nous, de notre éthique, de notre conscience
morale et civique.
Je nous invite à refonder la société républicaine en commençant par le début, et je dirais par l’essentiel, l’esprit
citoyen.
Auprès des pouvoirs publics, l’association des Français, responsables, disponibles, est plus que jamais
déterminante.
Déterminante, car l’éducation n’est pas seulement l’affaire de l’Ecole, c’est d’abord et avant tout l’affaire des
parents, dont beaucoup se mobilisent déjà aux côtés des enseignants.
Déterminante, car le développement durable n’est pas seulement affaire de réglementation. C’est bien chacun, par ses
gestes et par la maîtrise raisonnée de ses besoins qui en est aussi comptable.
Déterminante, car le financement de notre système de sécurité sociale n’est pas seulement l’affaire des
professionnels et des partenaires sociaux. Il est de notre devoir à tous de mesurer les limites de nos droits, de lutter contre nos excès, nos abus.
Déterminante, car la sécurité n’est pas seulement l’affaire des forces de l’ordre et de la justice, mais aussi celle
des élus locaux, des associations, des médias, des familles qui doivent ensemble faire barrage à la culture de la violence qui imprègne la société française.
Ici, à Marseille, je veux redire toute mon affection et mon soutien à Claude Guéant et je réaffirme notre volonté de
riposter à la délinquance. Et j’invite Martine Aubry à moins de rodomontades car en matière de sécurité, la dame des 35 heures et les socialistes ont beaucoup à se faire
pardonner.
Déterminante enfin, car la lutte contre les déficits n’est pas seulement l’affaire de nos administrations, c’est
aussi la cause de tous les Français qui ne peuvent d’un côté souscrire au désendettement du pays et de l’autre côté réclamer toujours plus d’argent public publics et toujours plus de
droits.
Nous devons tous nous mobiliser et nous organiser pour faire mieux, avec plus d’efforts, plus de responsabilité, et
avec moins de dépenses.
Plus que jamais, les Français doivent être conscients de leurs devoirs. Voilà la vérité.
Cette vérité n’est peut être pas agréable à entendre.
Mais je préfère les paroles qui sauvent aux paroles qui plaisent !
Au demeurant, je ne crois pas demander l’impossible à notre peuple, lui qui bien souvent a été plus entreprenant que
ses élites, lui qui a réclamé et souvent accompagné le changement, lui dont l’inventivité scientifique et technologique est toujours en éveil, lui dont les ouvriers et les salariés sont
considérés parmi les plus productifs des pays développés, lui qui forme l’un des pays au monde qui compte le plus grand nombre d’associations, preuve s’il en est de notre
cohésion.
Dans l’âme française, deux instincts cohabitent depuis toujours : celui du pessimisme sur lequel la gauche mise
sans complexe dans l’espoir d’attirer les suffrages de l’amertume, celui de l’engagement et de la vaillance dont nous devons être les fers de lance.
Nous avons besoin de ce dévouement, de ce civisme engagé, et vous – jeunes de l’UMP – vous devez montrer
l’exemple.
Exigez, au nom de la jeunesse, exigez au nom de votre génération, que l’élection présidentielle ne soit pas un
concours d’images, de slogans, de promesses, mais le grand rendez-vous des enjeux de notre temps, et par là-même, le rendez-vous des réalités et de la vérité.
Cette élection ne doit pas être l’otage des petits arrangements partisans, et, à cet égard, je ne puis concevoir que
la politique de la France, au XXIème siècle, soit soumise aux tractations entre le PS, les Verts et le Front de gauche dont chacun voit les divergences programmatiques
irréconciliables.
Cette élection ne doit pas être un casting pour désigner celui des candidats qui pourra tenir de façon plaisante le
rôle du Chef de l’Etat.
Ca n’est pas un rôle, c’est une mission grave, dans des circonstances historiques qui sont périlleuses.
Nous parlons du destin de notre Nation !
Destin fragilisé par la fin de la suprématie du monde occidental qui n’a plus le monopole de la puissance économique,
financière, scientifique.
Désormais, les pays émergents représentent 52% de la production industrielle et 80% des réserves de
change.
La question de la mondialisation et de la France dans la mondialisation devra être au cœur de l’élection de
2012.
Comment, de façon crédible, organiser, maîtriser, répondre à la mondialisation ?
Face à cette question centrale, l’expérience et le volontarisme du Président de la République n’ont pas d’équivalents
chez ses concurrents.
Certains à gauche suggèrent de «démondialiser» le monde, ce qui a autant de chance de réussir que de désaliniser la
Méditerranée.
Nous devons faire avec des puissances et des continents entiers, avec lesquels il faut négocier, qu’il faut
convaincre, avec lesquels, parfois, il faut engager un bras de fer.
Et ce bras de fer ne peut réussir que si l’Europe parle haut et fort.
La question européenne devra, elle aussi, être au cœur l’élection présidentielle, parce que la solidarité des 500
millions d’européens est tout simplement vitale face aux continents qui nous entourent.
Face aux doutes des marchés et aux assauts des spéculateurs, l’Europe et l’euro ont été protégés, et l’avenir rendra
grâce à Nicolas Sarkozy et Angela Merkel d’avoir été à la hauteur de leurs responsabilités.
Dans l’urgence, nous avons créé des instruments de coordination qu’il aurait été impensable d’imposer il y a quelques
années.
Mais la crise a révélé les lacunes de notre union monétaire.
Celle-ci réclame une intégration plus poussée de nos économies, une coordination renforcée de nos politiques
économiques, fiscales et budgétaires, et pour structurer le tout, elle réclame une architecture institutionnelle permettant de prendre des décisions fortes, courageuses et
rapides.
Je suis un Européen réaliste qui croit au rôle des Nations dans l’Histoire.
Mais mon patriotisme me commande d’en appeler à plus d’Europe politique, plus de stratégie industrielle commune, plus
de préférence communautaire, plus d’ambition internationale.
Bref, mon patriotisme s’incarne dans le projet d’une Europe puissante, une Europe qui souffre encore de ne pas avoir
une âme alors même qu’elle réunit en son sein des cultures millénaires et brillantes, une Europe qui a tant d’atouts mais trop peu de colonne vertébrale, une Europe dont les démagogues ont fait
la cause de tous nos maux car il est toujours plus facile d’accuser le voisin que de se regarder dans une glace.
Soyez les gardiens de l’héritage européen !
Soyez les vrais patriotes, je veux dire ceux qui savent que le rayonnement et la protection de la France se décident
au-delà de ses frontières.
Enfin, la question de la dette devra être au centre du débat présidentiel.
Non pas que l’orthodoxie budgétaire soit une fin en soi, mais parce que le maintien de notre souveraineté nationale
n’autorise aucun laxisme.
La crise des dettes souveraines doit être méditée.
Elle n’est pas qu’un problème financier.
C’est un problème de civilisation, et plus précisément le problème d’une civilisation européenne qui a préféré vivre
au dessus de ses moyens en s’endettant plutôt que de se remettre en cause.
Cette crise, c’est la douloureuse rançon que doit désormais rembourser la vieille et belle société européenne qui n’a
pas trouvé le courage d’ajuster ses mœurs à la réalité de ses richesses.
Mais la réalité vous rattrape toujours.
Tout parti et tout programme ignorant les contraintes financières devront être considérés comme inconséquents et
disqualifiés pour défendre l’intérêt général.
Les contradictions du Parti socialiste sur les modalités de réduction de nos déficits doivent prises très au sérieux
par les Français car tout relâchement budgétaire et toutes promesses inconsidérées replongeraient notre pays dans la crise.
Nous nous sommes engagés, à ramener nos déficits à 3% en 2013, et nous nous en donnons les moyens.
Le ralentissement de l’économie américaine et la crise des dettes souveraines nous ont obligés à revoir nos
perspectives de croissance et à prévoir un plan de 11 milliards d’euros d’économies supplémentaires.
Il s’agit d’ajuster nos prévisions budgétaires à nos hypothèses de croissance, pas de changer notre stratégie
économique et financière au milieu du gué.
Nous avons veillé à son équilibre afin qu’il ne pénalise pas la reprise.
Dans un souci d’équité, nous avons demandé un effort supplémentaire aux plus fortunés.
Nous avons agi vite pour consolider la confiance dans nos finances publiques.
Le temps est maintenant au débat parlementaire.
Rien n’est tabou et rien n’est abandonné !
Le gouvernement est ouvert aux critiques et aux amendements à condition qu’ils ne remettent pas en cause le volume
des efforts, ni leur équilibre.
La consommation, la compétitivité des entreprises et le pouvoir d’achat des plus modestes ne doivent pas être mis en
cause par les ajustements qui seront proposés.
Et plus généralement, je voudrais dire à notre majorité qu’il n’y a pas de cagnotte, il n’y a pas de trésor caché, et
ce n’est pas en empruntant les slogans de la gauche que nous résoudrons nos problèmes financiers.
On peut réclamer plus d’équité sans accréditer l’illusion que la taxation des grandes entreprises et des plus riches
nous dispensera d’un effort général que notre société doit conduire.
Notre discipline budgétaire ne date pas d’aujourd’hui, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle la crédibilité de
la France reste forte au regard des investisseurs.
La révision générale des politiques publiques nous a permis de générer 15 milliards d’euros
d’économies.
Au terme du quinquennat, nous aurons réduit de 150.000 le nombre de fonctionnaires.
Nous avons gelé les dépenses de l’Etat et les dotations aux collectivités locales.
Avec la réforme des retraites nous avons sauvé notre modèle social de la faillite.
Si le parti socialiste persiste à conserver dans son programme le rétablissement de l’âge légal de départ à la
retraite à 60 ans, alors nous serons devant l’une des promesses électorales parmi les plus insensées de la Vème République.
Insensée sur le plan financier, mais aussi insensée sur le plan social car c’est tout l’équilibre de nos régimes de
retraites par répartition qui serait, à terme, menacé.
Le parti socialiste prétend être conscient de la nécessité de réduire les déficits. Il faut qu’il le
prouve !
Il faut qu’il reconnaisse que la dépense publique ne peut plus être la réponse à toutes les difficultés de la société
française.
Il faut qu’il accepte d’entrer dans une discussion constructive sur l’instauration dans notre Constitution d’une
«règle d’or», qui s’imposerait à toutes les majorités et à tous les gouvernements.
Sous l’impulsion de l’Allemagne et de la France, tous les pays européens ont été invités à en faire de
même.
En Espagne, socialistes et conservateurs ont noué un accord et leur Assemblée vient d’adopter le principe de cette
règle. Ce qu’ont fait les socialistes espagnols, pourquoi les socialistes français ne le feraient-ils pas ?
Je sais bien que l’approche des élections réduit les chances de consensus.
Mais en matière de déficit, nous avons tous péché ! Il ne serait donc pas indigne d’essayer ensemble de nous
rattraper en laissant de côté, durant quelques semaines, nos divergences politiques.
Que ceux qui veulent s’opposer ou s’abstenir se demandent en conscience si nous ne serons pas plus forts en répondant
tous présent.
C’est un rendez-vous que nous avons avec nous-mêmes, avec l’Europe et avec nos enfants.
Mes amis,
Nous imaginions que le temps nous laisserait du temps et que ce tout jeune XXIème siècle nous fournirait l'espace
d’une respiration.
Non, l'Histoire au repos, l'Histoire désactivée, l'Histoire au bout de l'Histoire, l’Histoire signant un traité de
non ingérence avec la France, ça n'existe pas.
Notre problème n'est pas seulement de combattre la crise financière et économique.
Notre problème est de continuer à construire une société réaliste, je veux dire capable d'activer le meilleur d’elle
même, sans état d’âme passéiste, et sans blocages corporatistes.
Nous aimons dire que nous sommes un " vieux et grand pays ".
Bien sûr notre culture, notre patrimoine, nos savoirs peuvent se réclamer d'un prestigieux passé. Mais ceci suffit-il
pour qu’un pays soit moderne, pour qu'il sache vivre à l'épreuve de son temps ?
Attention aux logiques narcissiques.
Attention à ne pas confondre valeurs et préjugés.
Je suis optimiste sur l'avenir de la politique de réforme parce que suis convaincu que la société française a senti
qu'elle ne pouvait pas entrer dans un nouveau siècle avec de petites nostalgies et de vieilles idées.
Je suis convaincu qu'elle est redevable à Nicolas Sarkozy d’avoir jeté les bases d'un modèle français nouveau, d'une
société en état de veille et capable de se reconfigurer.
Oui nous avons rencontré des obstacles, oui nous avons dû parfois ajuster le tir, remiser certaines de nos
espérances, oui ce quinquennat qui devait se dérouler dans un contexte de croissance a été marqué au fer par la crise.
Sans vaciller, nous avons néanmoins réformé, nous avons tenu le choc de la récession, nous avons réussi à protéger
les Français, leur épargne, leurs emplois, leur mode de vie.
Nous sortons de l’épreuve renforcés, plus expérimentés, plus réactifs aussi.
Le temps de l’action demeure et le temps du combat électoral recommence.
Je compte y prendre toute ma part, et je sais, Jean-François, que notre mouvement s’y prépare.
J’invite l’UMP au rassemblement de toutes ses composantes.
J’invite chacun d’entre nous à prendre aujourd’hui trois engagements.
Le premier est de rester unis autour du Président de la République car l’unité est la condition de notre réussite
collective.
Le deuxième de nos devoirs est de porter haut nos valeurs et de défendre notre action face au front conservateur
allant de l’extrême-droite à l’extrême-gauche.
Notre mouvement doit être aux avant-postes pour dire aux Français que notre pays est mieux armé qu’il y a quatre ans
pour faire face aux défis mondiaux.
Notre troisième devoir, c’est de continuer à bâtir notre projet parce qu’il n’y a pas de victoire électorale sans
domination intellectuelle.
Mes amis, je vous invite à adhérer à ces trois engagements.
Vous serez ainsi au service d’un idéal qui dépasse chacun d’entre nous.
Cet idéal s’appelle tout simplement la République.
Vive la République, et vive la France !