Le courage de créer des emplois publics par électoralisme, le courage de ne pas revenir sur les 35 heures ni de vouloir réellement revenir sur la réforme des retraites. Et notamment les « vieilles lunes socialistes » qui ont permis à la gauche de rentrer au pouvoir « par effraction » en 1997.
Economie et social | Ajouté le 08.11.2011 à 21H46
Sur le fond d’abord, ces mesures, bien entendu, ne sont pas agréables. Elles sont néanmoins indispensables. Sont-elles équilibrées ? Bien entendu. Fallait-il prendre d’autres mesures ? Je ne vois pas très bien ce que l’on aurait pu proposer à part une augmentation plus nette des impôts qui auraient gelé la croissance. Le retour de la TVA, restauration, bâtiment etc. à 7 % est loin d’être une catastrophe. Souvenons-nous qu'il y a seulement quelques années elle était à 19,6 %, aussi reste-t-elle bien basse à 7 % et tant mieux ! La diminution des dépenses de santé en particulier, je l’espère, des médicaments est nécessaire et aurait pu être plus importante. Il y a tant de médicaments inutiles qui coûtent si chers ! Taxation du capital ? elle est symboliquement nécessaire mais n’oublions pas néanmoins que ce capital petit ou plus grand a été élaboré par ceux et celles qui ont épargné, qui ont payé déjà non seulement l’impôt mais aussi souvent l’impôt de solidarité sur la fortune et qui après avoir payé ces impôts ont réussi à épargner. Ils sont « punis » une troisième fois, certes, mais le signal était important et nécessaire.
Sur la forme enfin, François Fillon a été didactique, sérieux, en un mot : crédible.
* *
On a compris néanmoins qu’il ne le ferait pas mais il est impossible de savoir ce qu’il fera. Si ! De fait, il augmentera massivement les impôts comme il l’a laissé entendre.
Saluons tout de même son - relatif - courage néanmoins quand il a parlé de l’EPR, cette centrale nucléaire de dernière génération. Il y tient, va devoir se confronter aux Verts. Tant mieux, il a raison pour une fois de dire ce qu’il pense.
Quant à la forme, elle était désastreuse toute cette semaine. En Corrèze, à la foire du livre, comme s’il fallait vraiment qu’il vende ses livres au moment où le G20 se réunissait. Personne ne lui a demandé, comme il l’a dit, d’aller frapper à la porte du G20 mais peut-être eut-il pu au moins réunir ses économistes rue de Solferino, pour réagir un tant soit peu à l'actualité, dire ce qu’il pense et argumenter un éventuel plan de rigueur.
Non, il a vendu ses livres ! Les bénéfices seront-ils redistribués soit aux socialistes qui déboursé leur euro à la primaire, ou comme lots de consolation aux autres candidats à la primaire ?
Oui c’est vrai, nous avons vécu, nous vivons et nous allons vivre une période extrêmement difficile. Il est vrai aussi que la vérité n’est pas toujours bonne à dire. Il est certain que les plans de rigueur ne sont pas bien acceptés. Faut-il pour autant sacrifier le pays pour des ambitions personnelles comme on pourrait l’imaginer en écoutant François Hollande ? Ne faut-il pas risquer de se sacrifier pour notre pays et surtout ses habitants ?
C’est vrai, l'élection présidentielle est dans 5 mois. Le temps est court et les Français risquent de ne pas avoir encore accepté ce plan. Mais pourquoi ne pas faire confiance à leur patriotisme, à leur intelligence et considérer qu’entre les deux hommes, Nicolas Sarkozy et François Hollande, l’un est suffisamment ferme pour tenir la barre du navire dans la tempête, l’autre en cas de tempête ne peut aller qu’à l’infirmerie déléguant ou abandonnant tous ses pouvoirs ? Les français, je l’espère, comprendront.
Pr Bernard DEBRÉ
Ancien Ministre
Député de Paris