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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 19:29


Les déclarations de Viviane Reding fustigeant la France sur l'expulsion des Roms et la menaçant d'une action judiciaire pour violation du Traité pose la question fondamentale de la pertinence des règles européennes actuelles au regard de la réalité.

Mais, en premier lieu, les propos de Madame Reding sont d'autant plus inadmissibles que la Commission a été particulièrement absente et silencieuse sur la question des Roms, se gardant bien de demander des explications aux pays d'origine sur leur action d'insertion alors même que la Roumanie va recevoir 20 milliards d'euros pour la période 2007-2013 au titre de la politique de cohésion. Selon la Commission, seulement 38 millions d'euros, soit 0,1% de la somme globale, sont destinés aux actions d'insertion des Roms.

De plus, accuser la France de « cibler » et de discriminer les Roms, tout en établissant un parallèle révoltant avec les temps tragiques de la deuxième Guerre mondiale,est un procédé de basse polémique et concourt directement à discréditer une Commission totalement décalée par rapport aux réalités et aux opinions publiques.

Ces accusations sont d'autant plus hypocrites que chacun sait que les « camps illégaux » en France ou ailleurs sont constitués exclusivement et malheureusement par des Roms et non par des Allemands, des Italiens ou des Anglais ou tout autre ethnie ou nationalité..

En conséquence, écrire dans une circulaire à l'adresse des forces de police qu'elles doivent démanteler les camps illégaux et en priorité les camps de Roms, est la simple traduction de la réalité.

Mais au-delà, c'est toute la pertinence de l'actuel système communautaire qui est posée.

Le Traité de Rome, signé entre six pays bénéficiant d'un même niveau de vie et proche culturellement, a institué les 4 libertés - liberté de circulation des personnes, des biens et services, des capitaux et droit d'établissement pour les personnes et les entreprises- , fondements de la construction européenne.

A l'évidence, ce qui a fonctionné relativement bien à six puis à neuf, devient problématique à vint-sept et avec bientôt trente Etats et plus. On peut clamer la « citoyenneté européenne », on peut dénoncer le xénophobie des uns ou des autres, tout cela ne tient pas compte du choc des cultures qui est une réalité tangible.

Cette réalité est totalement occultée par la Commission qui se drape dans sa dignité offensée de gardienne des traités.

Il faut se rendre à l'évidence, le système européen est à bout de souffle et totalement décalé par rapport aux réalités. Il devient incompréhensible pour les peuples et suscite un rejet latent.

Il est d'ailleurs piquant de relever que l'un des premiers à s'interroger sur la pérennité du principe de libre circulation des personnes en Europe a été Romano Prodi, ancien Président de la Commission, Président socialiste du Conseil des ministres italiens qui, le 31 octobre 2007, a fait adopter un décret qui a permis d'augmenter de manière radicale l'expulsion des Roms d'Italie.

Au lieu de se lancer dans un procès en sorcellerie contre la France, Madame Reding devrait donc y réfléchir à deux fois, au nom même de l'harmonie entre les peuples européens.
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