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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 12:35
 
C’est la première fois en France qu’un enfant naît pour sauver son frère ou sa sœur.

La manipulation est simple, émouvante et transgressive. Elle a été utilisée de multiples fois ailleurs, tant en Europe qu’aux Etats Unis. Un enfant est malade, d’une maladie génétique, il est impossible de le guérir. La seule solution reste la « création » d’un enfant du couple, qui pourrait, grâce à ses cellules souches lui apporter la guérison.

Il s’agit en réalité d’une double manipulation : après avoir obtenu par fécondation in vitro plusieurs embryons, le « médecin » va sélectionner ceux qui n’ont pas le gêne muté, puis parmi eux, celui qui a une compatibilité immunologique avec son frère ou sa sœur. A sa naissance, le sang du cordon ombilical qui contient des cellules souches sera utilisé comme traitement.

Il y a 10 ans, l’annonce, par les États-Unis, du premier bébé médicament a troublé les médecins, les philosophes, les politiques. Était-ce bien raisonnable ? J’ai entendu certains d’entre eux prédire un drame psychologique pour le donneur : « Pourquoi ai-je été conçu ? Mes parents m’aiment-ils ? Vraiment ne préfèrent-ils pas mon frère ou ma sœur ? Ai-je une personnalité propre »…Balivernes !

Quant au receveur, les mêmes disaient la même chose… Puis la transgression a été acceptée, incorporée dans nos lois et nos mœurs.

Il s’agit c’est vrai d’un eugénisme particulier résultant de deux manipulations génétiques, instrumentalisant et la conception et la naissance. Ce geste doit être encadré, il n’est pas anodin. Il ouvre une nouvelle ère de l’humanité, issue de la science génétique. L’homme a acquis des pouvoirs quasiment illimités sur la vie.

Attention, la science n’a pas de morale, elle « est ».

Il serait stupide de la contester comme ce fut le cas dans une conception romantique, ténébreuse du Moyen-Age, voire même postérieure. Ce sont les sociétés par leurs lois qui rendent ses applications acceptables au nom de nos valeurs, c’est la base de l’éthique.

Mais une loi, aussi équilibrée soit elle, ne doit pas figer dans le marbre ni les interdictions, ni les autorisations. Elle doit pouvoir évoluer comme la science. Elle ne doit jamais perdre de vue le bien du genre humain. Servir l'Homme sans l'asservir, tel est le fondement de toute loi dans ce domaine.


Pr Bernard DEBRE
Ancien Ministre
Député de Paris
Membre du Comité consultatif national d'éthique
 
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