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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 12:54
Santé | Ajouté le 27.01.2012 à 19H44
Les élections présidentielles approchent, c’est le moins que l’on puisse dire. Tout le monde s’en est aperçu, j’imagine !

Ce temps électoral est propice à toutes les démagogies, de droite, comme de gauche. La démagogie de gauche se mêle à l’idéologie ce qui est encore plus dangereux. La gauche, que ce soit François Hollande essentiellement, mais aussi Jean-Luc Mélenchon voire même Eva Joly, si tant est qu’elle soit présente au premier tour, veut « changer le monde », action louable s'il en est.

Refuser la mondialisation ? Mais pour revenir à quoi ? Eriger des barrières douanières autour de l’Europe ? Est-ce vraiment possible ? Il faudrait l’accord des 27 pays européens et même si nous l'obtenions, comment ferions nous pour vendre nos produits à l’étranger ?

Imposer aux autres pays européens notre vue contre la finance ? Mais que veut dire exactement la finance, cette ennemie personnelle de François Hollande et des autres candidats de gauche ? Est-ce à dire qu’il ne faut plus d’échanges ni de banques, de capitalisation tant étatique que personnelle ? Mais comment faire, dans un monde ouvert, sans qu’il y ait des règles financières simples et strictes ?

Bien entendu, quand on nous parle de la finance comme d’un ennemi, on oublie de dire que la finance « se venge » de notre incurie depuis 30 ans. Imagine-t-on une famille très endettée car elle a bénéficié de prêts sans réfléchir (ce qui est le cas de beaucoup de pays d’Europe et même d’Occident), refuser tout d’un coup de rembourser ses dettes au nom d’un combat contre la finance ? Curieuse attitude politique, idéologique ou même pratique !

Imaginez-vous que l’on pourrait, de façon totalement artificielle, ne pas réduire le nombre de nos fonctionnaires alors que, partout dans le monde, on les diminue ? Nous serions, j’imagine, les seuls à avoir la solution qui consisterait à rembourser nos dettes tout en augmentant nos finances publiques !

Oui, il est temps de dire la vérité aux Françaises et aux Français ! Nous avons contracté des emprunts pour pouvoir faire une politique sociale à crédit. Nous avons contracté des emprunts pour pouvoir augmenter le nombre de fonctionnaires au niveau de l’État, mais surtout au niveau des collectivités territoriales. Qui imagine une seconde que le temps n’est pas venu de les rembourser et que l'on puisse le faire sans diminuer le nombre de nos fonctionnaires ?

Ce n’est pas injurier les fonctionnaires que de le dire. Ce n’est pas dévaloriser la fonction publique que de le faire. Il y a, dans un certain nombre de branches de celle-ci, des économies à effectuer.

Dans le cas des hôpitaux, les « 35 heures » ont coûté horriblement cher et nous sommes maintenant contraints d'en payer la note (plusieurs centaines de millions d’euros), mais lorsque François Hollande, ou d’autres à gauche, nous disent que le temps de transport, d’un endroit quelconque à un hôpital, pour être accueilli par les urgences, ne doit pas dépasser une demi-heure, il s’agit non seulement d’une absurdité, mais aussi d’un mensonge.

Regardez à Paris : il peut très bien se passer plus d’une demi-heure à cause des encombrements. Dans d'autres régions, le problème est lié à l'éloignement. Mais vouloir construire des zones d’urgence pour accueillir les malades sans avoir ni l’argent, ni les technologies, ni les médecins, est une monstruosité ! Il vaut mieux développer les transports et non les bâtiments.

Au contraire, nous avons aujourd’hui à nous préoccuper de l’efficacité des plateaux techniques. Cette efficacité nécessite en premier lieu des hommes formés aux urgences ou aux activités de pointe. Il n’y a pas de petites urgences. Elles peuvent toutes cacher un drame et il est nécessaire que tout le monde soit traité avec les meilleurs médecins, mais aussi la meilleure technologie.

Prenons l’exemple, que j’ai pris à maintes reprises, de l’infarctus du myocarde, cette artère coronaire qui se bouche. Certes, il faut faire vite, mais traiter un infarctus peut se faire de deux manières : la première est médicale ; elle peut donner des résultats, mais pas aussi efficaces que la seconde qui consiste à placer un petit ressort dans l’artère bouchée. Pour placer ce dernier, il faut du matériel et des gens particulièrement compétents. Ainsi, il est préférable de prendre un peu plus de temps de transport plutôt que de multiplier des zones d’urgence qui soient de bas niveau technique.

J’ajouterai que le nombre de médecins hospitaliers baissant de façon dramatique, nous avons été obligés de faire appel à des médecins étrangers, qui, certes, ont des compétences, mais pas les mêmes que des spécialistes français.

Cet exemple montre la démagogie de la gauche, mais résonne tellement bien aux oreilles des citoyens. C’est tout le problème de la gauche : elle devrait dire la vérité, rien que la vérité, mais toute la vérité et surtout ne pas proposer des solutions qui sont à première vue agréables, merveilleuses, consensuelles, mais qui, à la réflexion, sont impossibles.

Il faut donc, pendant cette période, éviter la démagogie. Mais peut-être est-ce un rêve ? Oui, je rêve d’un débat politique où la vérité serait érigée en maître. Ce débat serait certainement intéressant, beaucoup plus d’ailleurs que ne l’est le débat actuel.

Pr. Bernard DEBRÉ
Ancien Ministre
Député de Paris
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