Combien de temps Jean-Noël Guérini, le président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône, va-t-il encore tenir ? La divulgation jeudi d'un rapport signé par le député PS Arnaud Montebourg dénonçant de manière frontale le fonctionnement opaque et « clientéliste » du PS marseillais a semé le trouble dans tout Marseille et jeté un discrédit national sur un système bâti autour de celui qui est à la fois le patron du département et des socialistes locaux. « Il sait que la fin est inéluctable, confie (à l'abri de l'anonymat) un ténor socialiste des Bouches-du-Rhône. Il doit être en train de brûler des cierges ou de toucher du bois. Déjà, en temps normal, il met du sel autour de son bureau, et porte des amulettes : c'est un mec qui a toujours eu peur. » Le fait est que, pour Jean-Noël Guérini, les dossiers explosifs s'accumulent. Son frère Alexandre est en prison depuis le 1er décembre : il a été mis en examen dans le cadre d'une enquête sur des marchés publics de l'agglomération de Marseille.
Dans un document que s'est procuré France-Soir, un groupe d'élus qui signent « Les socialistes propres » a écrit au juge chargé de l'enquête sur Alexandre Guérini. Avec force détails, qu'il s'agisse des patronymes ou de la vie intime des uns et des autres, les rédacteurs décrivent les frères Guérini comme « des siamois qui ont, depuis quelques années, tissé minutieusement leur toile ». Ils évoquent, pêle-mêle, « l'échange de liquide contre chèque » et « des services en tout genre : emplois, logements et tant d'autres ». Soumise à une personnalité du PS provençal, cette lettre n'a pas donné lieu à des dénégations. C'est même l'inverse : « Alexandre passait des coups de fil en disant « Tu sais qui est mon frère... », et le cabinet de Jean-Noël Guérini faisait pression sur les élus du conseil général qui avaient mal choisi leur camp en supprimant des avantages en nature. Un chauffeur, par exemple. » La lettre envoyée au magistrat se conclut sur une adjuration : « M. le juge, les républicains vous encouragent à les débarrasser de cette pieuvre. »
Martine Aubry, après avoir dénoncé dans un premier temps le manque « de faits » du rapport Montebourg, s'est ralliée à l'idée d'une commission d'enquête pour étudier les cuisines de la fédération PS des Bouches-du-Rhône. Hier, Jean-François Copé, le patron de l'UMP, a interpellé la maire de Lille sur ses liens avec Guérini en soutenant que ce dernier l'avait aidé de façon décisive, avec ses militants, à se faire élire Première secrétaire en 2008.