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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 11:00

Lors de l’annonce de son plan contre la pauvreté, Jean-Marc Ayrault, Premier Ministre, présente d’emblée, en deux phrases, le postulat idéologique qui gouverne son action.

Tout d’abord il désigne ce qui doit être combattu : « La précarité est l’effet de processus économiques et sociaux que l’on peut combattre à condition d’être déterminé », c’est-à-dire que l’économie de marché et la société libérale sont dans la ligne de mire.

Puis il définit une méthode pour les contrer : « On peut les combattre si l’on estime que chaque citoyen a droit à sa juste place dans la société », ce qui annonce le renforcement d’une République sociale fondée sur des droits acquis.

Mais derrière la générosité de l’Etat se cache une facture qui va s’alourdissant d’annonce en annonce. Ainsi quatre éléments cités par le Premier Ministre dans son discours augmenteront les dépenses publiques et par conséquent ce que doivent payer les contribuables.

Premièrement, la CMU. Le plafond de ressources pour bénéficier par la CMU sera relevé afin de couvrir 500.000 personnes de plus. A terme, une fois la mesure entrée en vigueur, on comptabilisera 5 millions de bénéficiaires, soit 7,6% de la population française. Une taxe sur les assurances et les mutuelles financera cette mesure. Or, selon un vieux principe fiscal qui énonce : « quand on taxe une vache, ce n’est pas la vache qui paie », ce ne seront pas les mutuelles et les assurances qui paieront, mais les assurés. Ceux qui travaillent dans les affaires savent bien que toute taxe de l’Etat est répercutée sur le coût du produit que l’on vend au « client final », donc le citoyen de base.

Deuxièmement, le RSA-socle. Selon l’Insee, en 2011, la France comptait 1,3 million de bénéficiaires de ce RSA-socle pour un coût total de 7,6 milliards d’euros. L’objectif est que ce RSA atteigne 50% du smic, alors qu’il représente aujourd’hui 43% du salaire minimum. Le Premier Ministre annonce une majoration de 10% de cette allocation, la faisant passer à terme de 475 € pour un célibataire à environ 522 €.

Troisièmement, la « garantie-jeune ».  Ecoutons le Premier Ministre expliquer cette mesure : « il s’agit d’un contrat d’un an renouvelable qui sera signé entre les jeunes en grande difficulté d’insertion et le service public de l’emploi, précisant les engagements de chacun. Ils bénéficieront alors pendant cette période d’inactivité d’une garantie de ressources d’un niveau équivalent au RSA ». En d’autres termes, les jeunes de moins de 25 ans au chômage, n’ayant pas droit au RSA, se le verront désormais attribués via cette « garantie-jeune ». Dans les faits, pendant 2 ans, le service public de l’emploi assurera une garantie de revenu à ces jeunes afin qu’ils trouvent un travail. En 2013, 100.000 jeunes devraient bénéficier de cette garantie, soit une facture de 50 millions d’euros. Par la suite, le dispositif s’étendra à 100.000 jeunes supplémentaires par an.

Quatrièmement, le RSA-activité. Selon l’Insee, en 2011, il y avait 464.000 bénéficiaires de ce minimum social pour un coût de 1,4 milliard d’euros.  Or, si ce RSA-activité n’entre pas pour l’instant dans les mesures immédiates du gouvernement, il faut souligner une phrase du Premier Ministre qui n’a pas été remarquée par ailleurs : « 70% des bénéficiaires potentiels du RSA-activité n’y ont pas recours, ce qui représente plus de 800.000 personnes ». Sous-entendu : le gouvernement y pourvoira durant ce quinquennat. Cela ajouterait 2,5 milliards d’euros aux dépenses publiques soit un total de près de 4 milliards d’euros pour le RSA-activité.

« Quand toutes ces mesures auront pris leur ampleur. […] c’est quand même un effort supplémentaire de 2 milliards, 2,5 milliards d’euros à la fin du processus » précise le Premier Ministre. La facture est lourde pour les contribuables, car ce sont bien eux qui financent par leur travail les dépenses sociales de l’Etat.

Le plus grave, aussi, est qu’à aucun moment, lors de son discours, le Premier Ministre ne parle de travail rémunérateur, d’esprit d’entreprise, de création de richesses. Les aides publiques ont pris le pas sur l’initiative privée. Le gouvernement commet une erreur politique et sociale d’envergure car il ne lutte pas contre la pauvreté : il la gère en appauvrissant le contribuable.

Sylvain CHARAT

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