Il va peut-être y avoir plusieurs candidatures. C’est souhaitable. Deux sont déjà connues : François Fillon et Jean-François Copé. Celle de Xavier Bertrand est possible, d’autres seraient souhaitables, mais les règles pour être candidat ont été fixées il y a quelques mois et il serait anormal que l’on puisse les changer, tout au moins celles-ci, avant le scrutin.
Reste néanmoins quelques réflexions à mener. Est-il normal que le Secrétaire général reste en place, bénéficiant de tous les pouvoirs, toutes les facilités et tout l’argent de l’UMP, pour faire sa propre campagne à la présidence ? J’entends dire qu’un maire ne démissionne pas avant de demander son renouvellement. Il ne s’agit pas du tout d’un renouvellement. Que je sache, il y avait un président, Nicolas Sarkozy. Il ne l’est plus.
Il faut maintenant élire un président. On ne renouvelle pas le Secrétaire général du mouvement. On aurait compris alors qu’il puisse rester en place en attendant son renouvellement, mais il s’agit d’un nouveau poste, d’une élection qui est fondamentale et il aurait été préférable que les règles du jeu soient les mêmes pour tout le monde.
Il faut néanmoins que les candidats aient les mêmes chances. J’ai été assez surpris de voir qu’un certain nombre de militants recevaient des formulaires de parrainage pré-remplis avec le nom de Jean-François Copé. Est-ce lui qui en est à l’origine ou ses lieutenants, voire même des militants responsables plein de zèle ?
Il faut également que la liste électorale soit distribuée à tous les candidats potentiels. Il serait effectivement (et il est) dramatique que certains candidats, si ce n’est la plupart, n’aient pas eu droit à obtenir la totalité de la liste. D’un côté, nous sommes submergés par des informations issues du mouvement signées Jean-François Copé (tous reçoivent d’ailleurs un petit SMS pour leur anniversaire…), mais, de l’autre côté, les candidats n’ont pas la totalité des listes.
Il faudrait aussi qu’il y ait deux, au moins, bureaux de vote par circonscription, alors que nous nous acheminons vers un seul. J’imagine mal les personnes âgées, même les plus jeunes, traverser toute une circonscription (surtout celles qui sont rurales) pour aller déposer un bulletin de vote. Or, on sait parfaitement bien que les responsables de circonscriptions, les délégués, sont plutôt des apparatchiks plus proches de la direction actuelle que de François Fillon qui est plébiscité par la base des militants. Si on empêche cette base d’aller voter, je ne suis pas sûr que l’élection soit parfaitement sincère.
Je ne parle pas enfin de la surveillance et des bureaux, des dépouillements qui doivent se faire naturellement, avec les représentants de chaque candidat et surtout avec l’assurance d’un groupe impartial qui pourrait être composé et dirigé par Alain Juppé.
La démocratie est exigeante ! On ne peut pas, comme je l’ai dit au début, n’en prendre qu’un bout, faire semblant et briser notre mouvement. Nous sommes à la croisée des chemins. Soit nous allons véritablement vers la démocratie pour qu’il y ait une véritable transparence, ce qui entraînera incontestablement un engouement et de nouvelles adhésions, ce qui nous imposera également une plus grande réflexion et l’élaboration d’un programme.
Soit nous allons vers une mascarade, avec une élection truquée. Le mouvement s’étiolera, risquera de disparaître. Ne parlons pas du programme, il sera vidé de sa valeur démocratique. Mais je suis persuadé que tout s’arrangera rapidement.
Pr. Bernard DEBRE
Ancien Ministre
Député de Paris