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13 décembre 2011 2 13 /12 /décembre /2011 09:44

 

Revenus -
La Tribune infographie
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A première vue, les salaires des dirigeants des banques françaises semblent peu élevés. Sauf qu'ils n'intègrent pas les bonus.

Contrairement à une idée reçue, les dirigeants des banques ne figurent pas parmi les mieux payés de France. Selon la dernière étude du cabinet AlphaValue, le salaire moyen d'un dirigeant de banque en France (sur vingt-quatre sociétés étudiées) se monte à 669.665 euros en 2010, en hausse de 12% par rapport à 2009. Bien mieux lotis, en apparence en tout cas, sont les dirigeants des grands groupes d'assurance français (seize sociétés étudiées) qui ont touché en moyenne 2.553.701 euros en 2010, soit une augmentation de 66% par rapport à l'année précédente. A titre d'exemple, la rémunération totale d'Henri de Castries, PDG d'Axa, s'est élevée à 3,3 millions d'euros, celle de Michael Diekmann, PDG d'Allianz, à 5,8 millions d'euros (hors pension), ou celle de Jean Azéma, alors directeur général de Groupama, à 1,5 million d'euros.

Pour les banquiers, l'information est à relativiser, car ces 669.665 euros intègrent le salaire plus "modeste" des dirigeants de Dexia (hors Dexia, cette moyenne atteindrait 875.000 euros) et surtout, ne prennent pas en compte les bonus. Ceux-ci ne sont en effet pas diffusés ou, s'ils le sont, c'est un ou deux ans après la publication des rémunérations de l'année en cours. "Par rapport à d'autres activités, la diffusion d'informations dans le secteur bancaire français est plus obscure", explique AlphaValue. Un point qui explique également pourquoi les salaires des patrons français de banques sont inférieurs de 79% à ceux de leurs confrères européens, qui dépassent allègrement les 3 millions d'euros. Du coup, au niveau européen, la rémunération des dirigeants des banques est supérieure de 40% à celle des dirigeants des autres secteurs d'activité.

Et parmi les banquiers les mieux payés d'Europe, on retrouve Robert Diamond de Barclays (11,6 millions d'euros), Brady Dougan de Crédit Suisse (9,2 millions d'euros), ou encore Alfredo Saenz Abad de Santander (7,9 millions d'euros). L'étude montre aussi les écarts de salaires entre dirigeants et salariés. En Europe, la rémunération des dirigeants de banques est 44 fois plus élevée que celle, moyenne, des salariés, contre 34 fois dans l'assurance.

Par ailleurs, pour contrôler les rémunérations variables jugées excessives dans le secteur financier, les principes du "Financial Stability Board" ont été mis en oeuvre en 2010. L'Autorité de contrôle prudentiel (ACP) a dressé un état des lieux de leur première année d'application. En France, elle remarque des différences entre les banques qui ont ou non une activité à l'étranger ou de banque de financement et d'investissement. L'ACP note que "le degré de communication souhaitable est trop disparate et les "moins-disants" ne nient pas vouloir se préserver de leurs concurrents sur le marché de l'emploi"...

Laura Fort - 13/12/2011, 08:55  | 

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13 décembre 2011 2 13 /12 /décembre /2011 09:29

Le Point.fr - Publié le 12/12/2011 à 20:22 - Modifié le 12/12/2011 à 20:23

"Le Petit Journal" de Yann Barthès met François Bayrou au pied de ses contradictions...

François et Babette Bayrou à Pau le 10 décembre, pour le premier meeting du candidat du Modem.

François et Babette Bayrou à Pau le 10 décembre, pour le premier meeting du candidat du Modem. © Patrick Bernard / Abaca


Le "made in France" de François Bayrou lui revient en boomerang après cette séquence ironique du Petit Journal de Yann Barthès, lundi 12 décembre. Les équipes de Canal+ l'ont suivi, samedi, en meeting à Pau. Le candidat du MoDem qui décolle dans les sondages avait enfourché son cheval de bataille du moment et, en bon défenseur de l'industrie nationale, souhaitait redorer l'image de marque des produits français vis-à-vis de leurs concurrents allemands. "D'ailleurs, ceux qui s'émeuvent qu'on veuille consommer français, ils ont sur leur écran de publicité tous les jours, dans les télévisions, de la publicité pour nous inviter à consommer allemand, soulignait le candidat. Et personne n'y voit le moindre obstacle ou la moindre difficulté. Dans l'automobile en particulier."

Manque de chance pour Bayrou : après que les lumières furent éteintes et que chacun se fut gargarisé de ses tirades tricolores qui sentent bon la sueur de l'ouvrier et de l'ingénieur français, les équipes du Petit Journal étaient encore là pour filmer un François Bayrou s'engouffrant dans une... Audi !

"Il aurait quand même pu faire attention", souffle-t-on au sein de la chaîne cryptée. Le chantre du "acheter français" est ici pris au piège d'un autre slogan plus répandu dans la classe politique : "Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais."

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 18:20

LEMONDE | 12.12.11 | 10h28   •  Mis à jour le 12.12.11 | 13h07

 
 

 

Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et José Manuel Barroso, au sommet de l'Union européenne à Bruxelles, vendredi 9 décembre.

Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et José Manuel Barroso, au sommet de l'Union européenne à Bruxelles, vendredi 9 décembre.REUTERS/YVES HERMAN

Face à la tourmente dans laquelle est prise la zone euro, les dix-sept Etats de cette zone ont décidé, vendredi 9 décembre, à Bruxelles, de rédiger un traité intergouvernemental, dont le Royaume-Uni s'est exclu.

Dans un entretien au Monde, Nicolas Sarkozy livre son interprétation de cet accord et sa vision de l'avenir de l'Europe.

Jeudi 8 décembre, au congrès du Parti populaire européen, vous avez dit que jamais le risque d'explosion de l'Europe n'avait été aussi élevé. Après le sommet de Bruxelles de jeudi et vendredi, ce risque est-il écarté ?

J'aimerais pouvoir dire qu'il est totalement écarté. Je m'en garderai pourtant. Nous avons fait tout ce qu'il était possible de faire. Dans un monde parfait, théorique, on devrait faire plus, mais la caractéristique de l'homme de gouvernement, de l'homme d'Etat, c'est de faire avec les réalités. Cela étant, ce sommet marque une étape décisive vers l'intégration européenne. A ce titre, il crée les conditions du rebond et de la sortie de crise.

L'euro est le cœur de l'Europe. S'il explose, l'Europe n'y résistera pas. La crise de confiance et de crédibilité de l'euro faisait donc peser un risque sur la pérennité de l'Union européenne.

La vérité est qu'il nous a fallu réparer en pleine crise les insuffisances de l'euro au moment de sa création. Ainsi, rien n'avait été prévu quant à la convergence des politiques économiques des pays membres de l'euro. Ensuite, certains pays ont été accueillis au sein de la zone alors qu'ils n'y étaient pas préparés. Cela a eu pour conséquence de fragiliser tout le système, comme une pilule empoisonnée, en raison de l'interdépendance des réseaux bancaires et financiers. Ces pays ont dû imposer à leurs peuples des souffrances auxquelles ils ne s'attendaient pas.

Si vous voulez bien considérer que le tout s'est déroulé sur le fond d'une crise de la dette sans précédent dans l'histoire du monde, je n'ai nullement cherché à dramatiser lorsque j'ai dit que nous étions tous au bord du précipice.

  • LA GOUVERNANCE ÉCONOMIQUE

L'accord de Bruxelles répond-il à ces éléments de la crise ?

Il y répond d'abord par la création d'une authentique gouvernance économique. Si les économies de la zone ne convergent pas, elles ne peuvent pas conserver durablement la même monnaie. Le fait que la responsabilité de la gouvernance revienne désormais aux chefs d'Etat et de gouvernement marque un progrès démocratique incontestable par rapport à la situation précédente, où tout s'organisait autour de la Banque centrale européenne [BCE], de la Commission et du pacte de stabilité.

J'ajoute que, pour la Commission, les choses seront désormais plus claires. Elle est chargée du respect des traités et de l'application des sanctions. Or, celui qui sanctionne ne peut être celui qui administre, au risque de se sanctionner lui-même. De ce point de vue, elle est irremplaçable. Qui d'autre pourrait le faire à sa place ?

La Cour de justice européenne, comme le voulait la chancelière allemande, Angela Merkel ?

Mme Merkel a convenu que la Cour ne pouvait pas sanctionner au jour le jour un déficit excessif, qu'elle ne pouvait pas prévenir le dérapage des économies et des budgets. Elle n'en a pas les compétences, mais j'ajoute, de surcroît, qu'elle n'a pas non plus la légitimité pour annuler un budget qui aurait été voté par un Parlement souverain. Enfin pour résoudre les problèmes de l'euro, la seule discipline budgétaire est insuffisante. J'ai toujours contesté l'idée que la gouvernance économique se cantonne aux seules réunions des ministres du budget. La compétitivité ne peut pas se réduire aux seules questions fiscales et financières.

La question posée est celle de la compétitivité de notre continent et des conditions d'une croissance qui doit absolument être plus soutenue. Nous devrons donc évoquer avec nos partenaires de la zone euro les questions cruciales de l'industrie, de la politique commerciale, du marché du travail, de la recherche…

Et, réciproquement, ils vous parleront de la fiscalité, de la fonction publique et des retraites en France ?

Bien sûr. L'Union se fonde sur des compromis réciproques, construits dans l'intérêt de chacun.

Est-ce un transfert de souveraineté ?

Non, car on ne déléguera pas à d'autres notre souveraineté économique. Il s'agira d'un exercice partagé de la souveraineté par des gouvernements démocratiquement élus. On conforte sa souveraineté et son indépendance en l'exerçant avec ses amis, ses alliés, ses partenaires.
J'ajoute que pas un seul domaine nouveau de compétences ne sera transféré à une quelconque autorité supranationale.

  • UN FONDS MONÉTAIRE EUROPÉEN

Le deuxième élément, c'est le renforcement de la solidarité européenne, avec la création d'un véritable fonds monétaire européen, le Mécanisme européen de solidarité [MES]. C'est un fonds destiné à venir en aide aux pays membres de la zone euro qui n'auraient pas un accès suffisant au marché pour financer leurs dettes. Ce fonds sera mis en place dès juillet 2012 et non en juillet 2013. Il décidera non plus à l'unanimité, mais à la majorité qualifiée de 85 %. Cela évitera qu'une petite minorité puisse bloquer les autres s'ils souhaitaient aller de l'avant.

Ce fonds aura 80 milliards d'euros de capital, ce qui représente un potentiel de 500 milliards de prêts. Au mois de mars, nous examinerons si ces moyens sont suffisants. Et, d'ici à dix jours, nous nous sommes engagés à négocier avec nos partenaires non européens un renforcement des ressources du Fonds monétaire international, ce qui augmentera encore notre force de frappe en cas de crise. La zone euro est prête à apporter jusqu'à 200 milliards supplémentaires. Jamais nous n'avons été aussi ambitieux en termes de solidarité.

Enfin, c'est la BCE qui sera l'agent opérationnel du fonds européen, dont la crédibilité et l'efficacité seront ainsi accrues. La méfiance ne pourra pas s'installer entre ces deux institutions-clés pour notre stabilité financière.

La BCE va baisser ses taux à 1 % sur trois ans pour que les banques retrouvent des marges et achètent des dettes d'Etat. Est-ce moral, alors qu'il serait plus simple que la BCE prête directement aux Etats ?

Je ne commente pas l'action de la BCE. Elle est indépendante, et doit agir dans le cadre des traités.

Mais le problème, aujourd'hui, dans de nombreux pays de la zone, c'est le resserrement du crédit par crainte du risque. Cela pourrait conduire à une dépression économique. Cette perspective serait catastrophique. Je me réjouis que la BCE fournisse des liquidités pour éviter ce "credit crunch". Pensez à ces milliers d'entreprises dont l'activité serait dramatiquement entravée si elles n'avaient pas accès à un crédit suffisant.

Je souhaite que l'action de la BCE, en soutenant la croissance économique, contribue aussi à apaiser les craintes infondées sur les dettes des Etats. Je fais confiance à la BCE pour, à l'avenir, décider de la force de son intervention.

Si cela ne marche pas, envisagez-vous de faire un grand emprunt auprès des particuliers, comme la Belgique et l'Italie ?

La Belgique a ainsi levé 5,5 milliards d'euros. La dette française est de 1 692 milliards d'euros. Chaque année, nous empruntons environ 180 milliards. Vous voyez que les ordres de grandeur n'ont rien à voir avec ce que pourrait rapporter un emprunt national.

Je vous rappelle, par ailleurs, que nous n'avons plus le droit de donner un avantage fiscal aux émissions d'emprunts d'Etat, tous ceux qui ont été octroyés dans le passé ayant coûté fort cher aux finances publiques. Enfin, il faut rappeler que, en dépit de la crise, la France emprunte aujourd'hui sur les marchés à un taux historiquement bas. Pourquoi donc faudrait-il changer notre stratégie ?

  • UN EFFORT DE DISCIPLINE

Le troisième élément de l'accord, c'est un effort de discipline, avec une majorité inversée pour les sanctions automatiques. Avant, pour que la Commission sanctionne un Etat fautif, il fallait une majorité qualifiée au Conseil pour l'approuver. Désormais, cela ne sera plus le cas.

En revanche, nous n'avons pas souhaité que ces sanctions s'appliquent de la même manière, c'est-à-dire qu'elles soient automatiques, en cas de dérapage de la dette une année donnée. Un Etat peut être amené à recapitaliser une banque, ou une entreprise publique, ce qui augmentera sa dette publique. On ne peut lui en tenir rigueur. Ainsi les mêmes causes ne pourront plus produire les mêmes effets. Le laxisme ne sera plus de mise en Europe.

Quelle est la prochaine étape ?

Dans les quinze prochains jours, nous mettrons au point le contenu juridique de notre accord. L'objectif est d'arriver à un traité pour le mois de mars.

Il faut bien voir que c'est une autre Europe qui est en train de naître : celle de la zone euro, où les maîtres mots seront la convergence des économies, des règles budgétaires, de la fiscalité. Une Europe où nous allons travailler ensemble à des réformes permettant à tous nos pays d'être plus compétitifs, sans renoncer pour autant à notre modèle social. La stabilité de notre continent est à ce prix.

Ne craignez-vous pas des problèmes de ratification ?

Non, car la procédure retenue est plus légère, même si chaque pays reste maître de la procédure de ratification. En tout état de cause, nous souhaitons être prêts à l'été 2012. Enfin, je le répète, nul ne pourra contester le rôle accru ainsi donné aux gouvernements européens.

Cela fait six mois où les marchés peuvent encore attaquer…

Si vous voulez me dire que c'est difficile, je vous le confirme : c'est difficile. Aucune grille de lecture idéologique ne fonctionne plus. Il faut beaucoup de sang-froid pour ne pas surréagir et le même sang-froid pour ne pas sous-réagir. J'ai conscience du risque de ne pas être compris des populations qui souffrent et qui voient des sommets se succéder, donnant l'impression d'être déconnectés de leur vie quotidienne. En même temps, nous n'avons pas le choix. Il faut tenir la barre le plus solidement possible et sortir de la spirale des crises.

  • L'AXE FRANCO-ALLEMAND

Que répondez-vous à ceux qui disent que les choix pour enrayer la crise de l'euro sont imposés par Angela Merkel ?

A ceux qui se plaignent et me reprochent l'axe franco-allemand, je demande ce qu'ils proposent comme stratégie alternative. Rester seuls ? Qui peut penser que la France seule aurait fait mieux avancer ses idées ? A moins qu'on me propose une autre alliance… Mais laquelle ?

C'est vrai que le sommet de Bruxelles est le fruit d'un compromis franco-allemand et, depuis le début de cette crise, nous avons fait mouvement l'un vers l'autre. Qui aurait pensé, il y a deux ans, que nos partenaires se rallieraient à l'idée d'un gouvernement économique, organisé autour des chefs d'Etat et de gouvernement ? Qu'ils souscriraient à la création d'un fonds monétaire européen, incarné par le MES ? Autant d'idées françaises ! La chancelière, que j'apprécie beaucoup, a fait mouvement avec pragmatisme et intelligence.

Quant au mot de capitulation que j'ai entendu employer par certains, tout ce langage guerrier qui fleure bon le nationalisme d'antan, laissez-moi vous dire ce que j'en pense : je me sens français au plus profond de moi-même, mais mon amour de la France ne m'a jamais conduit à accuser nos voisins, nos alliés, nos amis. Et ceux qui cherchent à nourrir la germanophobie se déconsidèrent.

Un triangle avec les Britanniques ?

Le Royaume-Uni n'est pas dans l'euro. Le triptyque Berlin-Londres-Paris aurait eu un sens si nous avions eu une crise de l'Union européenne, mais ce n'est pas le cas. C'est une crise de l'euro.

L'importance de l'entente avec l'Allemagne signifie-t-elle qu'on ne peut rien faire avec Londres ? Non. Nous sommes intervenus en Libye avec le Royaume-Uni, et le premier ministre, David Cameron, a été courageux. Avec Londres, nous partageons l'attachement à l'énergie nucléaire et une coopération forte dans le domaine de la défense, qui est essentielle.

Vous avez mis du temps à apprécier le modèle allemand…

Si vous voulez dire que la présidence et la confrontation avec les épreuves changent un homme, c'est vrai. Si vous voulez me faire dire que, après quatre ans et demi à l'Elysée, j'ai appris et évolué dans mon raisonnement, c'est vrai aussi.

Entre la France et l'Allemagne, il y a d'abord l'histoire. Soixante-dix ans d'affrontements suivis par soixante-dix ans de paix. Quel doit être le prochain cycle? Nous n'avons pas le droit de diverger avec l'Allemagne, car la divergence conduit à l'affrontement. Nous devons donc nous comprendre et rechercher des compromis permanents.

Il est essentiel, ensuite, que les deux premières économies d'Europe convergent pour créer une zone de stabilité. Ce qui ne doit pas nous faire oublier les atouts de la France : une démographie qui fait que nous serons aussi nombreux que les Allemands dans trente ans, une énergie moins chère grâce au nucléaire, et un système institutionnel qui permet de gouverner le pays, notamment en cas de crise.

Dans un discours sur la repentance, en 2006, vous avez dit que la France, elle, n'avait pas commis de génocide…

Les Allemands ont assumé leur histoire avec courage et lucidité. Nous n'avons rien à leur reprocher.

  • LA NOUVELLE EUROPE

A Bruxelles, la semaine dernière, vous avez mis les Anglais hors d'Europe…

Je n'ai pas vu les choses ainsi. Nous avons tout fait, la chancelière et moi, pour que les Anglais soient partie prenante à l'accord. Mais il y a désormais clairement deux Europe. L'une qui veut davantage de solidarité entre ses membres, et de régulation. L'autre qui s'attache à la seule logique du marché unique.

Comment se sont-ils retrouvés seuls ?

L'affirmation répétée de leur opposition à toute perspective d'entrer dans l'euro ne peut être sans conséquence. J'ajoute que les demandes sur les services financiers n'étaient pas acceptables. La crise est venue de la dérégulation de la finance. Jamais nous ne pourrions accepter un retour en arrière. L'Europe doit aller vers davantage de régulation.

Est-il légitime, désormais, que le Royaume-Uni reste dans le marché unique ?

Nous avons besoin de la Grande-Bretagne ! Ce serait un grand appauvrissement de voir son départ qui, fort heureusement, n'est pas d'actualité.

Dans cette Europe des 27 maintenant plus confédérale, l'entrée de la Turquie ne devient-elle pas logique ?

Vous savez, mes réserves qui n'ont pas changé. Si, dans la crise que nous connaissons, nous avions levé ces réserves, je ne crois pas que cela aurait facilité la tâche de l'Europe. L'Union européenne, c'est d'abord pour le continent européen. A ma connaissance, nos amis turcs, grande puissance, grande nation, sont essentiellement en Asie mineure.

Nous venons d'accueillir la Croatie. L'ouverture à la Serbie est une perspective. Réunissons d'abord la famille européenne avant de poser des questions extra-européennes. Je souhaite que nous ayons les meilleurs rapports avec la Turquie, cela va de soi. Dans mon esprit, elle a un grand rôle à jouer dans le monde, un rôle de trait d'union entre l'Orient et l'Occident. A-t-elle intérêt à quitter ce rôle de pont entre les deux rives pour en rejoindre une ? Je pense que ce serait un affaiblissement.

  • LES ENGAGEMENTS FRANÇAIS

Le président français est-il prêt à accepter les règles européennes alors que, en 2007, vous êtes allé à Luxembourg demander un report du retour à l'équilibre de la France et que, récemment, le premier ministre, François Fillon, a protesté contre les prévisions de croissance de la Commission ?

On ne parle pas de la même époque ou du même monde, même si c'est le même président. Nous sommes d'autant plus prêts à cet effort que nous l'avons commencé dès 2007. La mise en place du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, qui nous a valu tant de critiques, c'est 2007. La réforme de la carte judiciaire, c'est 2008. La réforme de la carte militaire, c'est 2009. Quant à la réforme des retraites, si nous ne l'avions pas faite, nous serions dans la situation peu enviable de certains de nos partenaires.

Comment jugez-vous le risque de dégradation de la France par les agences financières ?

L'une des trois agences de notation a mis sous perspective négative la France, ainsi que toute la zone euro. Pourquoi? Parce que la zone euro connaît un problème de gouvernance: c'est un problème dont nous nous occupons et qui n'est pas spécifique à la France. Deuxième souci, le risque sur les banques françaises. Bonne nouvelle: l'Autorité bancaire européenne estime le besoin de recapitalisation des banques françaises à 7,7 milliards d'euros, contre 13milliards pour l'Allemagne. Pas un centime du budget de l'Etat n'ira donc à la recapitalisation des banques.

Troisième élément, les perspectives de la croissance française. Le gouvernement a fixé une prévision de 1 % pour 2012. Mais dans le même temps, un gel de 6 milliards de crédits a été mis en place pour faire face, en cas de croissance limitée à 0,5 %. Dernier point relevé par l'agence, le niveau élevé de nos dépenses. Mais chacun reconnaît que nous avons su faire preuve de réactivité en la matière dans le passé.

Le grand risque, c'est donc celui de la contagion de la crise européenne. C'est pourquoi nous luttons pour la maîtriser.

Sommes-nous menacés de dix ans d'efforts ou de croissance très lente, à la japonaise ?

C'est un risque qui m'a conduit à ne pas choisir une politique fondée sur la rigueur. La rigueur, c'est baisser les salaires et les pensions de retraite. Je m'y refuse et m'y refuserai. Si nous allions dans cette direction, cela plongerait la France dans la récession et dans la déflation. Si vous réduisez vos recettes en même temps que vous abaissez vos dépenses, vous ne résolvez pas vos problèmes de déficits. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé, en 2009, 35 milliards d'euros en faveur des investissements d'avenir. C'est le contraire d'une politique de rigueur et d'austérité. Il nous faut à la fois réduire notre déficit et notre endettement, libérer le travail et retrouver de la compétitivité.

Mais les agences ne nous en rendent pas justice…

Pour l'instant, elles ont maintenu le triple A. Si elles devaient nous le retirer, nous affronterions cette situation avec sang-froid et calme. Ce serait une difficulté de plus, mais pas insurmontable. Ce qui compte avant tout, c'est la crédibilité de notre politique économique et notre stratégie déterminée de réduction de nos dépenses. Nous respecterons scrupuleusement les engagements que nous avons pris.

Quelle mesure phare faut-il prendre pour convaincre les investisseurs ?

Si nous n'avions pas fait la réforme des retraites, c'est celle qu'il faudrait faire. Pour le reste, il n'y a pas de mesure clé ou miracle car ce qui compte, tout autant que de réduire les dépenses, c'est d'augmenter la croissance. Cela passe par l'autonomie des universités, le développement du crédit impôt recherche, les investissements d'avenir, la suppression de la taxe professionnelle. Tout ce que la France a commencé à faire.

La règle d'or ?

La règle d'or est une mesure importante. C'est une règle de bon sens: les budgets doivent être construits sur plusieurs années avec l'objectif d'aller vers l'équilibre. Qui peut de bonne foi contester cet objectif ? J'aurais aimé que toutes les formations politiques françaises s'inspirent de ce qu'ont fait les Espagnols et les Allemands en adoptant par consensus cette règle, sans que personne n'y perde son identité.

Mais la dépense publique continue d'avoir un poids supérieur en France par rapport à l'Allemagne…

Oui, c'est vrai, parce que l'Allemagne a eu le courage d'engager la réforme de ses dépenses publiques dix ans avant la France. Il est normal qu'elle en obtienne les fruits avant nous. Ne sous-estimons pas pour autant la force des réformes mises en œuvre en France. Ainsi, la réduction de 150 000 fonctionnaires va considérablement alléger, dans l'avenir, le poids des dépenses publiques. Il en sera de même pour la réforme du régime des retraites, qui rapportera à la Sécurité sociale 22 milliards d'euros en 2017.

Comment analysez-vous le doute grandissant des Français sur l'euro ?

Les Français associent l'euro à leurs difficultés, mais en même temps, ils comprennent les risques qu'il y aurait à en sortir et à s'isoler. Je rends hommage à leur lucidité. Les Français ne contestent pas l'Europe, mais la façon dont sont conduites certaines politiques européennes. A ce titre, la politique commerciale est l'exemple même de ce qu'il convient de changer. On augmente les charges et les contraintes sur nos producteurs, et on laisse entrer sur notre marché des produits fabriqués dans des pays qui ne respectent aucune de ces contraintes. Cela ne peut plus durer. La réciprocité doit devenir la règle. La concurrence ne peut être que loyale ; si elle est déloyale, il faudra en tirer des conséquences sur l'ouverture de nos marchés.

Les élections à venir empêchent-elles une union nationale qui serait utile ?

Il y a un calendrier démocratique. On ne va pas suspendre les élections parce qu'il y a une crise.

Diriez-vous que le comportement des socialistes français coûte à la France ?

Je n'ai pas à juger l'opposition. J'ai tant à faire par ailleurs… Les Français seront les seuls juges.

François Hollande vous accuse de courir après la crise…

Avant de formuler un commentaire si définitif, j'invite chacun à réfléchir à cette crise, à sa profondeur, à sa gravité.

Propos recueillis par Erik Izraelewicz, Patrick Jarreau et Arnaud Leparmentier
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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 18:13

La France ne compte "en aucun cas" renoncer à ses compétences en matière aéronautique et espère exporter ses avions de combat Rafale de Dassault Aviation grâce à des partenariats stratégiques, a déclaré ce lundi François Fillon, répondant ainsi aux propos de Gérard Longuet, qui avait inquiété quant à l'avenir de l'avion de chasse.

Copyright Reuters
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Le Premier ministre, qui s'exprimait sur la base aérienne de Saint-Dizier (Haute-Marne) devant les membres de l'armée de l'air qui ont participé aux opérations en Libye et en Afghanistan, a mis les choses au point après les propos tenus par le ministre de la Défense, Gérard Longuet, la semaine dernière. Ce dernier avait indiqué mercredi dernier que la production du Rafale pourrait être arrêtée si la France ne parvenait pas à vendre son avion de combat à l'exportation. Cet arrêt de la chaîne de production n'interviendrait pas avant la fin de la livraison des appareils commandés par l'armée française, avait-il dit.

La France a prévu d'équiper ses armées de 180 Rafale d'ici à 2021, à raison de onze par an, et l'avionneur a livré cet été son centième appareil aux armées françaises, sur une commande ferme totale de 180 unités.

Pour François Fillon, si la France a pu intervenir en Libye, "c'est grâce à ses moyens performants et polyvalents, et je veux naturellement citer les mirages 2000 et le Rafale", citant "les savoir-faire de nos industriels et de plusieurs générations d'ingénieurs et d'ouvriers". "Ces compétences, qui sont des compétences uniques, la France ne compte en aucun cas y renoncer", a-t-il dit.

La volonté du gouvernement est de "développer ces savoir-faire et ces compétences avec des partenaires stratégiques qui partagent avec la France une ambition pour leur outil de défense. C'est le sens des efforts avec le Brésil, les Emirats arabes Unis, ou encore avec l'Inde", a-t-il poursuivi. "La France ne veut pas exporter le Rafale comme on exporte une simple machine. Elle veut des partenariats à long terme pour porter avec les pays intéressés une ambition technologique, une ambition industrielle et une ambition stratégique."

La France n'est toujours pas parvenue à vendre à l'exportation le fleuron de son industrie aéronautique militaire. Des négociations se poursuivent, notamment avec les Emirats arabes unis.

Cet appareil polyvalent, réputé l'un des plus performants du monde mais aussi l'un des plus chers, équipe l'armée de l'air et les forces aéronavales françaises.
Mais, à l'exportation, le Rafale souffre notamment de la concurrence du F-18 de Boeing, moins cher.

latribune.fr, avec Reuters - 12/12/2011, 17:36  |  

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 17:53

 

Projet de loi de finances - 12/12/2011 | 17:05 - 138 mots
Le budget 2012 reste bloqué au parlement

Députés et sénateurs, réunis ce lundi en commission mixte paritaire (CMP), ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur le projet de loi de finances (PLF) pour 2012. Sa lecture définitive, prévue le 21 décembre, pourrait donner lieu à un recours devant le Conseil constitutionnel.

Copyright Reuters
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Réunie ce lundi pour tenter d'élaborer un accord sur le projet de loi de finances (PLF) 201, la commission mixte paritaire (CMP) composée de sénateurs et de députés, n'a pu trouver le moindre accord, a annoncé la commission des Finances du Palais-Bourbon.

Après avoir basculé à gauche, le Sénat a profondément modifié le texte voté par les députés, majoritairement à droite.

Le texte doit repasser devant chacune des chambres mais rien ne devrait se débloquer puisque les députés vont rétablir, lors de la prochaine lecture du texte le 14 décembre, le projet qu'ils ont initialement voté tandis que les sénateurs rétabliront le leur.

Le texte repassera in fine devant l'Assemblée nationale le 21 décembre qui procèdera, conformément à la Constitution, à l'adoption définitive de ce PLF. Les groupes PS de l'Assemblée et du Sénat pourraient alors saisir le Conseil constitutionnel.

latribune.fr - 12/12/2011,

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 17:26
Société | Ajouté le 12.12.2011 à 16H11
C’est finalement une habitude de la part de François Hollande que de disparaître quand il doit affronter des problèmes graves. Tantôt il est à Tulle pour signer des livres, tantôt dans une ferme pour évaluer la hauteur des arbres et le poids des pommes, tantôt il n’est nulle part !
Et pendant qu’il joue à cache-cache, la France est secouée de difficultés : négociations avec Angela Merkel, projet de nouveau traité signé par tous les pays d’Europe, soubresauts invraisemblables dans le Parti socialiste. François Hollande est au-dessus de ces petits accrocs de la vie quotidienne. Il est vrai qu’il assimile toutes ces difficultés à des scories, comme le dirait Jérôme Cahuzac, membre de l’équipe du candidat socialiste !
Au fait, où était François Hollande quand le Parti socialiste a commencé à « jouer » avec les lois et sortir de la normalité, que ce soit à Montpellier, à Marseille, dans le Pas-de-Calais ou ailleurs ? Etait-il une nouvelle fois bloqué en Corrèze ou enfermé au Palais Bourbon ? Eh bien non ! Il était Premier secrétaire du Parti socialiste.
De deux choses l’une : soit François Hollande, à force d’être ailleurs, n’a rien vu, le Parti socialiste se gangrenant petit à petit de l’intérieur ; soit il a été incapable d’imposer au Parti socialiste une « éthique » politique. Personne ne doit oublier que François Hollande a été, pendant plus de 10 ans, Numéro un du PS. Cette décennie a été la plus ridicule du parti d’Epinay avec le congrès de Reims ou les multiples affaires qui éclatent aujourd’hui. D’un côté, il est absent de la scène internationale ou nationale et de l’autre, il laisse faire dans son propre parti jusqu’à l’outrance !
Serait-il, comme Martine Aubry l’a dit, le « représentant de la gauche molle » ? Après tout, il n’a pas montré une grande vigueur dans la négociation avec les Verts, ni vis-à-vis de Martine Aubry lorsqu’il s’est laissé imposer tant de candidatures qui lui sont hostiles aux élections législatives. Il n’a même pas réussi à imposer ses propres amis comme candidats !
Puissent les Français, avant de voter, s’apercevoir de son manque de charisme et de sa mollesse ! Celui-ci a fait illusion pendant quelques mois, prenant la parole à la télévision, distribuant des bons mots qui ont fait rire les Français.
Mais finalement, qu’a-t-il proposé ? Rien justement ! Son programme est celui du Parti socialiste, qu’il a voté comme la totalité de ses « camarades », même s’il s’estime libre par rapport à ce dernier. Il n’est même plus lié par l’accord avec les Verts si douloureusement conclu puisque même, lorsqu’on lui en parle, il n’y fait plus référence ou à peine : « un accord avec qui ? » Peut-être avec lui-même, en excluant les Français, car quand on l’écoute, il nous annonce la parution prochaine de son programme !
Pourquoi tant de bruit lors de la signature de ces différents accords ? Peut-être uniquement pour exister car finalement, sans eux, où serait François Hollande ? Une nouvelle fois dans une ferme de Corrèze, à boire du petit lait, qui risque bien de tourner au lait caillé, vu l’aigreur des socialistes.


Pr. Bernard DEBRÉ
Ancien Ministre
Député de Paris
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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 17:18
Société | Ajouté le 12.12.2011 à 14H13
Dominique de Villepin a « franchi le Rubicon ». Il était un peu pathétique, notre ami Dominique ! A peine sorti de toutes ses affaires déprimantes, le voici à la reconquête de sa respectabilité.
Bien entendu, il n’ira pas jusqu’au bout, arguant de l’absence de ses 500 signatures et qu’une nouvelle fois, un complot a été fomenté contre lui mais le fait même d’annoncer cette candidature lui permet un accès aux médias un peu plus important qu’il y a peu.
Cela dit, bien que les sondages ne créditent Dominique de Villepin que de tout au plus 1 % d’intentions de vote, sa candidature jette un trouble au niveau de la droite et du centre, témoignant d’une mésentente.
Le paradoxe de Dominique de Villepin est surprenant. Tantôt il appelle à l’union nationale, à l’unité, à l’effort des politiques pour qu’ils puissent s’entendre, tantôt il provoque lui-même la division. Je crois profondément que cet homme est en manque de reconnaissance. Il a peut-être beaucoup souffert ces derniers temps, été beaucoup suspecté pour d’autres affaires. Il l’a mal supporté et je le comprends. Est-il pour autant nécessaire de se présenter à l’élection présidentielle car, au lieu de gagner une nouvelle respectabilité, il va se glisser au rang d’un Hervé Morin et écorner l’image, qu’il veut se donner, d’un gaullisme intransigeant.
De Gaulle, lui, avait une sacrée stature et n’est pas de Gaulle qui veut ! Lançons un appel à la raison : que Dominique de Villepin renonce à sa candidature au nom justement de l’union nationale ! C’est ainsi qu’il pourra être respecté par les Français et qu’il aura retrouvé un peu de l’image gaullienne dont il se revendique.


Pr. Bernard DEBRÉ
Ancien Ministre
Député de Paris
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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 17:07

Le groupe nucléaire public Areva a annoncé aujourd'hui un vaste plan d'économies qui vise à réduire de lourdes de pertes, sans préciser l'impact qu'il aurait sur ses effectifs, la catastrophe de Fukushima l'ayant contraint à revoir à la baisse ses perspectives.

Le plan stratégique "Action 2016" adopté aujourd'hui par le conseil de surveillance d'Areva vise à réaliser un milliard d'économies annuelles d'ici 2015, ainsi que 1,2 milliard d'euros de cessions, a précisé Areva dans un communiqué, sans donner de détails sur l'emploi.

Forte réduction des investissements

Le groupe annonce également qu'il réduira d'un tiers ses investissements d'ici 2016, à 7,7 milliards d'euros. Le groupe a ajouté qu'il s'attendait à subir une lourde perte cette année, proche d'1,5 milliard d'euros, en raison d'une provision exceptionnelle colossale, liée surtout à la dépréciation de la valeur de ses actifs miniers.

Dans le détail, Areva va enregistrer dans ses comptes 2011 une provision supplémentaire de 2,36 milliards, dont 1,46 milliard liés à l'acquisition de la société minière UraMin en 2007, et le groupe s'attend à une perte opérationnelle comprise entre 1,4 et 1,6 milliard d'euros, selon le communiqué.

LIRE AUSSI :
» Areva demande la suspension de cotation de son titre

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 13:00

 

Sénat, jeudi 8 décembre 2011

 

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les sénateurs,

En inscrivant à l’ordre du jour de votre Haute Assemblée cette proposition de loi constitutionnelle, vous invitez le Gouvernement à défendre sa conception de la citoyenneté française et l’occasion m’est apparue suffisamment importante pour que je livre au Sénat mes convictions.

Ce débat s’attache en effet, à l’organisation de notre République. Il s’attache à notre vision de la France. Et pour moi, il n’y a pas de thème plus fondamental. C’est un débat où les clivages n’obéissent pas nécessairement aux frontières partisanes, ce qui doit nous conduire à écouter les arguments de chacun. Enfin, c’est un débat ancien et disons-le, c’est un débat récurent, puisque depuis 1981 il ressurgit avant chaque élection, avant d’être inhumé aussitôt après.

Permettez-moi d’abord de dire un mot sur la méthode utilisée aujourd’hui. Je veux dire que je la réprouve car elle crée un brouillage démocratique qui affaiblit la cohérence politique de nos institutions. Je connais la tradition parlementaire qui veut que le Sénat reste saisi des textes émanant de l’Assemblée nationale même lorsque celle-ci est renouvelée. Et je reconnais que cet usage est utile pour assurer une certaine continuité de l’action législative. Mais, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, reconnaissez que cet usage n’est certainement pas conçu pour exhumer une proposition de loi vieille de plus de dix ans. Depuis lors, l’Assemblée nationale a été renouvelée deux fois et le Sénat l’a été dans son intégralité. Cette initiative n’a donc plus le moindre lien avec la représentation nationale actuelle, ce qui pose un problème au regard de la clarté démocratique. Je récuse donc la méthode employée, mais ce qui m’importe c’est de vous livrer ma conception de la France parce qu’elle diverge de celle qui s’exprime dans cette proposition de loi.

Mesdames et Messieurs les Sénateurs, depuis plus de deux siècles, depuis que la nationalité française existe dans notre Droit avec le Code civil napoléonien, la citoyenneté en est indissociable. De ce lien entre la nationalité et la citoyenneté découle celui entre la nationalité et le droit de vote. Des cinq régimes républicains que la France a connus au long d’une Histoire mouvementée, aucun n’a remis en cause ce socle de notre cohésion. Aucun n’a vu dans son abolition une conquête ou un progrès légitimes. Parce que voter c’est participer à l’exercice de la souveraineté nationale.

Parce que voter, c’est participer à la vie de notre République que notre Constitution définit comme le Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Or, il n’y a qu’un peuple : le peuple français. Comme la République, la citoyenneté française est une et indivisible, elle n’est ni locale, ni nationale. Pour exercer la plénitude des droits civiques, un ressortissant étranger doit faire le choix et se montrer digne d’acquérir la nationalité française.

La nationalité française ouvre des droits spécifiques. La qualité de fonctionnaire, pour l'exercice de fonctions de souveraineté ou d'autorité, est réservée aux Français. On conçoit mal que des ressortissants étrangers rendent la justice : au nom du peuple français.

La nationalité française comporte aussi des obligations particulières. On nous propose aujourd’hui d’ouvrir une brèche dans cet édifice où s’équilibrent les droits et les devoirs, et cette brèche ne peut que déstabiliser les repères. Le droit de désigner les conseillers municipaux ou d’être élu au sein d’un conseil municipal ne serait plus un attribut de la citoyenneté française. Au nom de quoi ? Aucune des raisons avancées ne justifie, à mes yeux, ce travail de sape d’un des fondements de notre République.

On nous dit tout d’abord que les Français n’ont déjà plus le monopole du droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales, puisque les ressortissants de l’Union européenne en disposent, sous réserve de la réciprocité et dans les conditions prévues par la Constitution. Mais pourquoi avons-nous fait le choix historique d’élargir notre droit de vote aux européens ? Parce que nous voulions qu’émerge une citoyenneté européenne ; Une citoyenneté ancrée dans les traités ; sous le sceau d’un accord entre des pays qui ont explicitement décidé d’établir les fondements d’une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens. Cet objectif d’unir nos peuples ne peut être avancé pour tous les étrangers issus de pays certes amis, mais qui n’appartiennent pas à cette aventure collective qui distingue l’Europe au sein du monde.

J’entends ensuite que la reconnaissance de ce droit aux étrangers non communautaires serait nécessaire à leur intégration. Pensez-vous vraiment que c’est parce que vous votez ou que vous pouvez voter, que vous êtes intégré ? Croyez-vous que les pays qui ont élargi leur droit de vote aux étrangers aient résolu leurs problèmes d’intégration ? Qu’on songe au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas, où l’on voit que ce droit est loin d’apaiser toutes les difficultés liées à l’intégration, qui dans ces sociétés sont aussi vives voire plus vives que dans la nôtre. S’intégrer, c’est d’abord remplir des devoirs, avant de disposer de plus de droits. S’intégrer, c’est s’insérer économiquement et socialement, c’est respecter, épouser, assimiler la culture du pays d’accueil.

Pour moi, le droit de vote c’est la conséquence d’un parcours individuel. C’est l’aboutissement d’un parcours d’adhésion à notre communauté nationale. Ça n’est pas une condition et ça n’est pas un préalable. Au fond, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, cette proposition prend les choses à l’envers.

Quitte à choquer certains d’entre-vous, je veux dire que c’est aux étrangers de faire l’effort de s’ancrer dans la République parce que la République elle, elle fait tous les jours la preuve de son ouverture.

L’honneur de la France, c’est de récompenser un chemin d’intégration par l’octroi de la nationalité française. Ca n’est pas de récompenser l’étranger qui de façon somme toute légale et légitime, travaille et paye ses impôts. Au demeurant, l’absence de droit de vote ne signifie nullement que l’on soit privé de sa capacité à participer à notre vie sociale. Rien n’est plus faux et plus injuste que de présenter notre pays comme fermé, suspicieux ou xénophobe. Les étrangers qui le souhaitent peuvent participer à la vie de la cité, dans le cadre associatif, dans l’entreprise, dans les comités de quartiers. Et d’ailleurs je ne peux que les y encourager parce que c’est le signe d’une volonté d’intégration. A l’évidence, un étranger qui réside de longue date en France, qui respecte nos lois et qui s’investit n’aura aucune difficulté à obtenir la nationalité française. S’il ne le souhaite pas, c’est qu’il considère en son for intérieur, qu’il ne se sent pas entièrement partie prenante du peuple français. Et dans ce cas, il est donc tout à fait normal qu’il ne puisse pas désigner les représentants d’une collectivité de la République.



J’ajoute que le choix de devenir Français n’est pas exclusif. Notre patriotisme n’est pas fondé sur les origines, il n’est pas sectaire, il admet parfaitement que chacun puisse conserver dans son cœur plusieurs attaches. La personne qui devient française n’est pas contrainte de renoncer, en tout cas pas automatiquement, à sa nationalité d’origine puisque notre droit admet le cumul de nationalités. Il n’y a donc aucune forme de déchirement dans le choix d’accéder à la nationalité française. Il y a là simplement, et cela est fondamental, l’expression d’un désir d’être français.

Chaque année, plus de 130 000 personnes décident d’acquérir la nationalité française. C’est pour eux, très souvent un moment important, un moment émouvant et un moment solennel. Dans les nombreuses cérémonies d’acquisition de la nationalité française que j’ai présidées, j’ai vu comme vous ce regard de joie, ce regard de fierté au moment où le document officiel leur était remis. Eh bien cette joie, cette fierté, c’est un cadeau que leur fait la France en les accueillant en son sein, mais c’est aussi un cadeau que ces étrangers font à la France en rejoignant son destin. Cette proposition de loi ne rend pas justice à tous nos compatriotes qui ont fait l’effort pour acquérir la nationalité française.

Ceux qui entreprennent la démarche de la demander disent souvent que l’une de leurs motivations c’est de participer à notre vie politique. Cela veut bien dire qu’eux-mêmes perçoivent et respectent le lien intime qui existe entre la citoyenneté et le droit de vote. Celaveut dire qu’ils sont sensibles aux principes qui régissent l’existence de notre communauté nationale. Pourquoi est-ce que nous devrions renoncer à cette donnée que les étrangers sont les premiers à ressentir comme importante ?

Mais il y a plus grave que cela. Dissocier le droit de vote de la nationalité française, c’est prendre le risque de communautariser le débat public. Nous perdrions beaucoup si nous voyions fleurir des listes de candidats se réclamant de leur nationalité étrangère pour briguer des voix. Il n’est sans doute pas de pire ferment du communautarisme que l’onction du suffrage universel donnée à des candidatures qui seraient tentées de miser sur leur caractère ethnique. Je reconnais qu’il n’y a là rien d’automatique à cela, mais je ne suis pas prêt à en courir le risque.

Alors, on me rétorque, on me rétorquera que ces personnes payent leurs impôts et des cotisations en France, et qu’il est donc normal qu’ils puissent décider de l’utilisation qui en sera faite. Eh bien je vous le dis, ça n’est pas ma conception de la citoyenneté. Et pour tout dire, cette vision censitaire et finalement utilitariste de la participation démocratique, me parait choquante. Pour faire fonctionner nos services publics – dont tout le monde bénéficie, y compris les ressortissants étrangers – il est naturel que tous ceux qui en ont les moyens payent des impôts pour les financer. Participer aux destinées d’une collectivité publique ou désigner ceux qui en seront chargés, cela n’a rien à voir. Une commune, ça n’est pas une entreprise dont on serait actionnaire en payant ses impôts. En clair, le droit de vote ne s’achète pas, il ne se gagne, il se gagne seulement par la volonté du cœur et de l’esprit.

Cet argument qui met en valeur la contribution économique des étrangers pour légitimer leur droit de vote, se heurte à une profonde contradiction. Pourquoi le réserver aux communes ? Les impôts locaux bénéficient aussi aux départements et aux régions. Alors pourquoi n’avez-vous pas proposé d’ouvrir le droit de vote aux cantonales et aux régionales ? Allons plus loin dans l’absurde : Les étrangers payent à l’Etat la TVA et souvent, l’impôt sur le revenu. Faut-il leur donner le droit de vote aux élections législatives pour qu’ils puissent décider de l’usage qui en sera fait ? De proche en proche, avec un tel raisonnement, c’est la citoyenneté française qui disparaîtrait.



Alors certains en appellent aux exemples étrangers pour justifier leur proposition. Que nous montre cette comparaison ? C’est qu’il n’y a pas de modèle unique, et c’est que chaque Etat se détermine en fonction de son Histoire mais surtout en fonction de sa propre conception de la citoyenneté, celle qu’il croit la mieux à même de garantir la cohésion nationale.

Les Allemands, les Autrichiens, les Italiens ont fait le même choix que nous. Les Britanniques n’ont ouvert ce droit qu’aux ressortissants du Commonwealth, en raison de leur Histoire commune. Et même dans les pays souvent mis en avant par les tenants du droit de vote des étrangers, les situations sont extrêmement diverses. Droit de vote sous réserve de réciprocité, c’est le cas de l’Espagne et du Portugal. Droit de vote sans éligibilité, c’est le cas de la Belgique. Droit de vote assorti de conditions strictes d’accès à la nationalité, en particulier un droit du sol extrêmement restrictif voire inexistant, c’est le cas des Pays-Bas, de la Suède, de l’Irlande, de l’Espagne encore.

La France se distingue par un droit de la nationalité ouvert, avec une large place accordée au droit du sol et une naturalisation possible à partir de cinq années de résidence régulière. Nous avons toujours veillé à préserver ces équilibres. Le Gouvernement a seulement entrepris de renforcer les exigences qui dépendent de la motivation et de la volonté des postulants, à savoir l’intégration et la maîtrise de la langue française.

Mesdames et Messieurs les Sénateurs, pour l’accession à la nationalité, nous sommes selon les années, le 1er ou le 2ème pays derrière le Royaume-Uni en valeur absolue, loin devant l’Allemagne. Rapporté à la population étrangère, le nombre d’acquisitions de la nationalité est en France supérieur à ce qu’il est dans la plupart des pays qui ont ouvert le droit de vote aux étrangers. Voilà la réalité. Elle est loin des caricatures dans lesquelles certains se complaisent.

Enfin, on nous nous oppose l’argument selon lequel les élections locales seraient d’une autre nature que les élections nationales. Je vous dis que ça n’est pas ma conception de la République et de son organisation. Pour moi, les collectivités territoriales ne sont pas dissociables de l’Etat et de la Nation. Il n’y a pas d’un côté la gestion locale et de l’autre la gestion nationale. Les deux forment des entités politiques, avec des enjeux politiques qui sont loin d’être anodins ! Les collectivités territoriales de la République participent aussi à l’expression de la souveraineté nationale. Une compétence est décentralisée lorsque le Parlement estime qu’il s’agit du meilleur échelon de décision publique. Mais ce n’est pas parce qu’une compétence est décentralisée que les étrangers devraient mécaniquement être admis à participer à son exercice. Pour moi, les élections municipales sont des élections politiques pleines et entières ; elles sont d’une essence différente des scrutins professionnels, universitaires ou sociaux.

Mesdames et Messieurs les sénateurs, je suis venu vous exprimer mon opposition à cette proposition de loi, au nom des enjeux qu’elle reflète et qui d’une certaine manière la dépassent. Qu’est ce qui est en jeu ? C’est notre relation à la France. C’est notre unité. C’est notre égalité devant nos droits et devoirs. Face au relativisme, face à l’individualisme, c’est un combat qui n’est jamais gagné. Nous ne devons pas être naïfs. Nous savons qu’il existe dans notre pays des ferments de division. Et comme vous tous ici, je ressens honte et colère lorsque je vois la Marseillaise sifflée. Je ressens de la tristesse lorsque notre pays est moqué. Et je suis inquiet de l’expression radicale des appartenances ethniques ou religieuses. Tous ces comportements sont les signes d’une société qui a besoin de raffermir ses repères historiques, civiques et moraux. Et dire cela, ça n’est pas assouvir je ne sais quelles obsessions passéistes. La France n’a jamais cessé d’être en mouvement, et toute son Histoire est tendue vers l’objectif d’un rassemblement qui n’est jamais allé de soi. Depuis dix siècles, la volonté d’unir nos différences et de nous forger un destin collectif s’est imposée sur nos particularismes et sur nos vieux penchants pour la division. Transcendant nos provinces, nos origines, nos religions, nous sommes depuis le début, une nation fondée sur la volonté d’être précisément une nation. Et plus que cela, nous sommes devenus une nation de citoyens. Ce qui au demeurant, nous impose plus de devoirs que de droits ; plus de civisme que d’égoïsme et plus d’adhésion que d’indifférence.

Depuis le fond des âges, la France a accueilli et assimilé des générations d’étrangers qui ont apporté leur concours au développement de notre pays. Il est naturel de vouloir que nos valeurs soient les leurs et il est généreux de leur offrir la possibilité d’entrer pleinement dans notre famille nationale. Nous sommes une nation d’intégration, nous ne sommes pas une nation mosaïque. Et l’intégration signifie que l’étranger qui veut fondre son destin personnel dans notre destin collectif, adopte la France et que dès lors, la France l’adopte comme l’un des siens. Mais pour qu’il y ait intégration, encore faut-il que l’étranger qui rejoint notre communauté nationale sache et sente que cette communauté est animée par une foi commune. Et cela, c’est un message pour nous ; peuple français qui avons trop souvent l’art de nous dévaloriser, de nous déprécier alors que nous avons tellement d’atouts et si souvent, tant de noblesse dans nos élans.

En République, l’amour de la France et le service de la France ne relèvent pas d’une doctrine d’Etat. Chacun est responsable de ce qu’il reçoit et de ce qu’il donne à la nation. Chacun est porteur d’un héritage historique et culturel qu’il se doit de respecter et de prolonger avec fidélité et courage. Cette exigence est valable pour les Français qui sont les premiers concernés par le sort de la nation. Mais elle l’est aussi pour les étrangers qui nous rejoignent. Pour eux comme pour nous, être Français ou choisir de devenir Français, c’est adhérer à un pacte.

Avec cette proposition, la gauche s’engage dans une voie dangereuse avec légèreté. Elle prend le risque de vider la nationalité et la citoyenneté française de leur substance. Et cela, au moment précis où notre pays doit faire face aux épreuves de la mondialisation et doit donc se rassembler autour de ses valeurs et de ses objectifs.

Mesdames et Messieurs les Sénateurs,

Les Français ont besoin de repères clairs et stables. Fractionner le droit de vote, c’est prendre le risque de morceler notre pacte national. C’est prendre le risque d’affaiblir l’intégration. C’est prendre le risque de sectionner l’un des chaînons de l’unité républicaine. Voilà pourquoi, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, nous devons tous ensemble veiller à protéger l’un des principes de la République française : Pas de vote sans citoyenneté et pas de citoyenneté sans adhésion à la Nation.

 

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 12:50

Presse Océan - 9-12-11

Presse Océan - 9-12-11

 

Presse Océan - 9/12/2011

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