Dans quelques jours vont paraître les propositions de la Droite Populaire. Je voudrais rappeler les objectifs de ce mouvement.
L’Europe vieillit. Si son niveau de vie et de protection sociale fait encore envie, son manque de dynamisme démographique et économique inquiète. Sa population sent bien que le destin du monde lui a échappé et qu’elle se trouve prise en étau entre la mondialisation qui l’expose à une circulation croissante des personnes et des produits, et un empilement des structures et des processus qui ralentit, voire paralyse ses décisions. L’Europe qui devait rassembler les énergies des nations qui la composent et fédérer leur puissance dans des ambitions comme celle de la Stratégie de Lisbonne, ressemble de plus en plus à une vieille momie bandelettée par ses propres règles, condamnée à l’impuissance malgré le nombre grandissant de ses dirigeants.
La France, jadis fière d’exceptions souvent peu exemplaires, pouvait espérer trouver dans l’Europe le levier de réformes indispensables. Elle a gardé ses défauts, ses dépenses publiques et ses prélèvements obligatoires excessifs, son administration tentaculaire, son idéologie de gauche suicidaire. Elle y a ajouté la complexité et le morcellement de la décentralisation qui a pour effet de freiner les réformes voulues par son gouvernement. Elle a perdu sa volonté d’indépendance et son niveau de culture et d’éducation est en constant recul.
En Europe et en France, un vaste mouvement se dresse contre le déclin. Ce sursaut ne vient pas d’en haut, des élites qui se complaisent dans un ballet de réunions inutiles et vaines. Il vient du peuple. Il s’incarne dans notre pays dans la droite populaire. Fidèle à la tradition gaulliste qui a toujours refusé la fatalité du renoncement, à la tradition libérale qui veut donner plus de libertés et de responsabilités aux personnes, à la démocratie chrétienne qui soumet la politique à une morale humaniste et inscrit la personne dans la solidarité familiale, nationale, européenne, la droite populaire veut s’opposer de toutes ses forces au retour au pouvoir des socialistes qui sont à la source de la plupart des difficultés de notre pays. Elle veut aussi briser le nœud gordien des routines et des privilèges qui étouffent notre génie national.
Cette soif de libération s’est exprimée avec force à plusieurs reprises à l’occasion des élections nationales lorsqu’un grand souffle d’espérance a soulevé le pays. Le poids constant des oligarchies technocratique, administrative et judiciaire, la myopie et le strabisme gauchisant des médias, le rôle grandissant du microcosme des communicants ont à chaque fois cassé l’élan, détourné l’attention, douché l’enthousiasme. Les crises imprévues par les sachants, les solutions inefficaces et les craintes irrationnelles inspirées par des autorités autoproclamées ont jeté les français dans un désarroi proche de la désespérance. La France est aujourd’hui le pays le plus pessimiste du monde. Elle a cependant besoin non d’une drogue douce supplémentaire, d’une nouvelle injection d’assistance baptisée « care » comme pour mieux marquer ce déclin et ce renoncement qui vont jusqu’à renier notre langue. Elle a besoin d’une révolution, une révolution conservatrice, autrement dit, d’une refondation.
Refonder signifie à la fois prolonger et faire renaître. Il s’agit en effet de prolonger l’élan incarné par le programme présidentiel de Nicolas SARKOZY en 2007 et de lui donner une nouvelle vitalité en 2012. Il y a donc un esprit à conserver qui est celui de la réforme soumise au bon sens et au réalisme. Il y a en revanche un renouveau nécessaire qui doit s’incarner dans l’authenticité de la rupture et dans la fidélité aux intentions proclamées.
C’est dans une rupture réaliste et responsable avec les errements du passé, le poids des habitudes et les demi-mesures inspirées par la techno-burocratie que se situe la voie médiane qui doit rejeter de part et d’autre les deux démagogies qui menacent l’avenir de notre pays. La première, c’est celle du socialisme qui est de loin la plus menaçante car elle a des chances réelles de conquérir le pouvoir alors que la France subit déjà les effets désastreux de ses passages successifs au Gouvernement et à la Présidence de la République. Ce que Raymond ARON avait parfaitement prévu en 1981 s’est réalisé avec l’accroissement continu de nos déficits et de notre endettement, la réduction de notre place dans le commerce international, l’augmentation du chômage. Malheureusement les mesures démagogiques instaurées par la gauche ont continué leurs effets destructeurs et n’ont pu jusqu’à présent qu’être imparfaitement remises en cause : les 35 heures, la retraite à 60 ans, la croissance des emplois publics.
Une autre démagogie menace aujourd’hui notre pays. C’est celle de l’extrême droite. Il y a peu de risques que celle-ci exerce un jour la responsabilité du pouvoir exécutif mais il est important pour la gauche de multiplier les provocations afin que l’extrême droite soit la plus forte possible, assez forte en électorat pour empêcher la droite d’être majoritaire tout en demeurant parfaitement infréquentable pour cette dernière. Au lieu de tomber dans le piège, la droite de Gouvernement devrait simplement se souvenir que le mode de scrutin, comme dans les pays anglo-saxons, limite le risque de l’extrémisme. Elle devrait également avoir conscience qu’un certain nombre de valeurs conservatrices sont partagées par une partie des électeurs de l’UMP et par de nombreuses personnes qui sont tentées de voter pour le Front National. Dire publiquement que l’on préfère le PS, c’est à leurs yeux trahir des convictions auxquelles elles sont attachées, c’est donner raison au slogan de l’extrême droite qui parle « d’UMPS » et c’est enfin donner du crédit à une gauche dont nous ne cessons de critiquer les actions passées de même que les projets. Il suffit de dénoncer la démagogie de l’extrême droite sur les thèmes où elle prospère, la sécurité et l’immigration, et plus facilement encore dans le domaine économique.
La Droite Populaire entend donc exposer un certain nombre d’idées qui doivent avoir toute leur place dans les futurs mandats présidentiel et législatif.
Christian VANNESTE